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Jacques Trouvé/objets perdus

28 mars 2015

Élysée Reclus

artoff2847

Élysée Reclus pensait ceci en 1885

Qu'en pensons-nous ?

 

Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.

Compagnons,

Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage.
Le délai que vous m'accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j'ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.
Voter, c'est abdiquer : nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.
Voter, c'est être dupe : c'est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l'échenillage des arbres à l'extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l'immensité de la tâche. L'histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.
Voter c'est évoquer la trahison : Sans doute, les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui, le candidat s'incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L'ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu'il était avant d'avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n'apprend-il pas à courber l'échine quand le banquier daigne l'inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l'honneur de l'entretenir dans les antichambres ? L'atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s'ils en sortent corrompus.

N'abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d'action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance.

Je vous salue de tout cœur, compagnons.  Élisée Reclus.

 

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14 mars 2015

Tous artistes

Munch

Tous artistes !

État des lieux : il y a le Grand Livre, l'Histoire de l'Art avec tous les Grands-Peintres-Disparus et l'un des plus grands de tous a même une expression liée à son nom : quand certains ne comprennent pas une œuvre, ils disent : “c'est du Picasso !”

Il y a les Derniers-Géants, les Artistes-Contemporains, les Plasticiens, les Performeurs, les Artistes-Multimédia, les Artistes-Français, les Indépendants, les Peintres-Officiels-de-la-Marine, les Amis-des-Arts-d'Albi, les Peintres-du-Dimanche, ceux de la Semaine, les Figuratifs, les Abstraits, les Non-Figuratifs, les Naïfs, les Artbrutistes, les Singuliers, les Célèbres-Connus-Chers, les Inconnus, les Méconnus.

On parle du sens de la couleur, de possibilités, de potentiels, de talent et même de dons et de génie !

Il y a ceux qui veulent devenir Grands, ceux qui se considèrent comme tels, ceux qui participent aux courses de peintres et qui obtiennent des médailles, ceux qui s'en fichent, ceux qui copient sur le voisin, ceux qui singent, ceux qui inventent, ceux qui en vivent, ceux qui en meurent.

Et dans les Galeries, les Expos, les Monstrations, les Exhibitions, devant les Installations, pendant les Évènements, les Performances, les Biennales, les Triennales, les Rencontres, les Printemps des Sociétés-des-Beaux-Arts, des Salons annuels du Collectif, de l'Amicale, du Cercle, lors des Portes-Ouvertes des Écoles, des Ateliers, des Palettes, il y a ceux qui s'alignent, qui piétinent, qui font la queue, qui suivent, qui vont voir ce qu'il faut voir, qui regardent et qui admirent.

Il y aurait aussi, autre distinguo,  les amateurs et les professionnels :

Amateur : le mot vient du verbe aimer ! Il désigne celui qui aime ! Celui qui s'adonne à une activité, artistique, sportive, pour le plaisir, sans en faire profession. De là à en conclure qu'il le fait moins bien que le professionnel, imparfaitement, qu'il manque de compétences et d'application, il n'y a qu'un pas ! C'est le sens de la réponse de Manet auquel Gauguin, qui n'a pas encore tout lâché pour se consacrer à la peinture, précise son statut d'amateur : “Monsieur Gauguin, il n'y a d'amateurs que les mauvais peintres !”

Professionnel : celui qui fait profession de son art ! Qui en tire un revenu ! Et ceci dès lors qu'il en tire un premier euro ! Et qui aussi, par opposition à l'amateur, est censé exercer cette activité avec un vrai métier, un maximum de compétences et d'application !

L'Art est partout ! Les files d'attente devant les expos sont interminables ! Et tout le monde pratique ! Enfin presque !

Statistiques du Ministère de la Culture en 2008 : 3 Français sur 5 (61%) n’ont jamais fait l’expérience de la fréquentation d’une galerie d’art au cours de leur vie. La proportion est très proche en ce qui concerne celle des expositions de photographie (64%).

Annuellement : 15% des français visitent les expositions de photographie, 15% visitent les galeries d'art, 9% les musées d'art moderne et contemporain.

La pratique amateur du dessin touche 14% de la population française de 15 ans et plus.

Celle de la peinture/sculpture/gravure : 9%.

Celle relevant de la création graphique/ordinateur : 9%. 

Celle de la poterie/céramique/artisanat : 4%.

Il y a donc la foule immense de ceux qui n'entrent jamais voir, pas le temps, pas les moyens, pas le désir, pas l'occasion, pas le courage, pas pour eux.

Bon ! Allez ! Tout d'abord on apprend tous* à dessiner ! C'est possible ! On peut apprendre à dessiner (et à peindre) comme on peut apprendre à lire et à écrire !

Voir : Proposition n°1 : va falloir… apprendre à dessiner !

*bien sûr, on peut aussi opter pour un autre art ! Ce qui est possible avec le dessin doit bien l'être avec la musique, l'écriture, le théâtre…

Je sais (j'ai essayé!) que l'on peut convaincre chacun, par l'expérience, qu'il possède le même potentiel créatif que n'importe quel “artisse”, que tous bien sûr n'en feront pas le même œuvre, (il y aura toujours des Picasso, des Léonard, des Michel-Ange) mais au moins tous sauront ce qu'est cette drôle de manie préhistorique et en tireront d'indicibles plaisirs et d'incroyables enrichissements ! Et à partir de là, si la Grande Ignorance recule, les Artisses pourront de moins en moins faire les malins, certains vont commencer à avoir le vertige sur leurs fragiles piédestaux !

Et pour donner confiance, pour décoincer les fameux potentiels créatifs, pour montrer aux plus récalcitrants que c'est possible, qu'il suffit de s'y mettre, on irait, proposition n°2, frapper aux carreaux de quelques "arbrutistes" (l'expression est d'Alain Pauzié) aux portes des singuliers pour qui il n'y a ni bons ni mauvais dessins, ni croûtes ni chefs-d'oeuvre, pour lesquels il n'y a que nécessité ! A visiter d'urgence : le Palais Idéal de Ferdinand Cheval, le Manège de Pierre Avezard et la Fabuloserie, la Collection de l'Art Brut à Lausane, le Site de la Création Franche à Bègles, la Maison Picassiette à Chartres, etc.

 

Judith ScotCi dessus, un "emballage" de Judith Scot

 

Voir : Regards Éblouis

Slogans pour une “nouvelle révolution culturelle” : Tous artistes ! Anartistes ! (Marcel Duchamp) Volez l'Art aux artistes ! J'en fais autant ! C'est beau de copier ! Pour un monde de Bruts ! Soyons Naïfs !

Une culture artistique véritable, la lecture d'une vraie histoire de l'art, “discipline qui a pour objet l'étude des œuvres dans l'histoire, et du sens qu'elles peuvent prendre, qui étudie également les conditions de création des artistes, la reconnaissance du fait artistique par le public, ainsi que le contexte spirituel, culturel, anthropologique, idéologique et théorique, économique et social de l'artdevrait utilement parachever le tableau !

Je n'invente rien, Marcel Duchamp, André Breton et les Surréalistes*, Joseph Beuys* et  son idée de “sculpture sociale” et d'autres ont prôné cette idée du “tous artistes” :

*En s'appuyant sur Lautréamont pour qui « la poésie peut être faite par tous. Non par un », les surréalistes prônent une désacralisation et une démocratisation de la fonction artistique. L'artiste n'apparaît plus comme un personnage sacré, exceptionnellement doué pour son activité. L'art doit descendre de son piédestal pour investir la vie de tous les jours. Chaque homme, chaque femme, possède des virtualités créatrices entravées par la société mais qui ne demandent qu'à être mise au jour. Breton définit clairement ce qu'a été l'objectif du surréalisme : " Le propre du surréalisme est d'avoir proclamé l'égalité totale de tous les êtres humains normaux devant le message sublimal, d'avoir constamment soutenu que ce message constitue un patrimoine commun dont il ne tient qu'à chacun de revendiquer sa part et qui doit à tout prix cesser très prochainement d'être tenu pour l'apanage de quelques-uns. Tous les hommes, dis-je, toutes les femmes méritent de se convaincre de l'absolue possibilité pour eux-mêmes de recourir à volonté à ce langage qui n'a rien de surnaturel et qui est le véhicule même, pour tous et pour chacun de la révélation. Il est indispensable pour cela qu'ils reviennent sur la conception étroite, erronée de telles vocations particulières qu'elles soient artistiques ou médianimiques" 

*"Chaque homme est un artiste " Beuys dit que cette thèse est sa contribution à l'histoire de l'art, et qu'il poursuit le travail de Duchamp, quand celui-ci a décrété n'importe quel objet oeuvre d'art . Cette affirmation est la base du travail social de Beuys, qu'il appelle " sculpture sociale ".

 

 

 

 

.

 

 

10 mars 2015

anniversaire objetsperdus

anniversaire

c'est l'anniversaire (le premier) de

objetsperdus

blog d'humeurs et cabinet de curiosités

(Pascale Drivière a réalisé la religieuse d'anniversaire ci dessus)

 

 

7 mars 2015

Photocopieur

photographier

Photocopieur !

C'est une belle expo. L'émotion est au rendez-vous. Et j'apprends plein de choses. Je ferais bien quelques photos. Pour fixer l'instant. Pour mémoire. Le travail des autres, ainés célèbres ou collègues inspirés, m'enrichit toujours.

Mais !... Un petit macaron autocollant représentant un appareil photo barré d'une croix rouge et impérative m'indique clairement que les prises de vues ne sont hélas pas autorisées !

Je ne vais pas jouer les paparazzis, je demande poliment, je justifie mon projet, j'explique, j'argumente, je ne vais bien sûr pas “utiliser” les images prises à des fins mercantiles, commerciales, je ne vais pas copier non plus, je sais que ce n'est pas beau de copier !

En même temps je cite quelques grands copieurs de l'histoire de l'Art : Vincent Van Gogh qui “refait” une bonne vingtaine de Millet, Picasso qui “se paye” le déjeuner sur l'herbe de Manet, etc.

Bon, c'est non, ils ne veulent pas !

Ils disent que je peux leur piquer l'“idée” ! Entre nous, je l'ai vue, l'“idée” ! Je n'ai pas besoin de mon Canon pour la retenir ! Je dis bien que c'est pour “consommation personnelle”, pour mon petit musée intérieur, ça ressortira forcément dans mon travail d'une façon ou d'une autre, mais malaxé, digéré, passé au moulin à légumes de mon cerveau ! Ou bien ça ne laissera aucune trace, ce sera oublié.

Et puis, bon, c'est exposé, non ? C'est donné à voir ! Quand j'expose une peinture quelque part je sais bien qu'elle ne m'appartient plus vraiment, elle devient libre, elle quitte l'atelier pour vivre sa vie dans le regard de ceux qui me font le plaisir de la contempler ! Quand je suis de l'autre côté, quand j'expose, j'autorise les photos. Je demande quelques fois à quel usage sont destinés les clichés mais j'autorise. Quitte à faire valoir mon droit réservé de reproduction en cas d'abus.

Bon, c'est non, ils ne veulent pas.

Je passe la vitesse supérieure, je déballe mes boîtes de cirage, je dis que finalement c'est plutôt flatteur d'être pris en photo par un admirateur, d'être publié sur un blog perso visité par des milliers d'internautes, je dis que ne manquerais pas de citer le nom de “l'artisse”, que ça va lui faire une belle pub ! Je vais même jusqu'à expliquer que le pillage, voire même le vol, sont de véritables actes d'amour et d'admiration !

Bon, c'est non, ils ne veulent pas !

Et les textes ! Que disent les textes ?

Ils disent, en gros, que le responsable de l’entrée des personnes dans un lieu ouvert au public et/ou le propriétaire (privé ou organisme public) de ce lieu peut restreindre ou interdire le droit d’y photographier. Ces restrictions ou interdictions sont tout à fait légales et peuvent se justifier pour des raisons diverses : tranquillité d’un spectacle, respect des personnes, protection d’œuvres d’art (exemple : interdiction d’utiliser le flash dans un musée), etc.

D'autre part, le ministère de la Culture et de la Communication publie une charte des bonnes pratiques photographiques dans les musées et les monuments nationaux, qui décline en 5 articles les engagements réciproques entre les établissements et les visiteurs-photographes.

Bon là, c'est non, ils ne veulent pas !

Et si j'achète le tableau, j'aurais le droit de le photographier ?

Je pourrais en faire ce que je veux ? Je pourrais le découper, le brûler ?

Bon, là je vais trop loin ! Ma question pose question !

Je renonce. Apparemment ! Et, faux-cul, je révise mon “il est interdit d'interdire” et je déclenche discrètement, à la volée. Je vole une image !

25 février 2015

Floréal Roméro

Floréal

Rencontre

Il faut descendre. Cap au sud ! Descendre déjà jusqu'au bout de l'Espagne. Contourner Madrid, traverser les vastes plaines de la Mancha et au fond de l'Andalousie, freiner juste à temps pour ne pas se heurter aux remparts de Malaga. Et enfin quitter la route et descendre par une piste bossue et pentue surplombant des ravins d'oliviers rangés comme des fantassins à l'appel, qui se tordent de rire et lèvent les branches au ciel en signe de bienvenue ! Un panneau ironique propose de limiter sa vitesse à 40km/h ! On descend le chemin vers la Finca des Arenalejos, vers le vert intense des vergers d'avocatiers, d'orangers et de chérimoliers. L'eau descend avec nous, les chiens gardent les précieux canaux et les réserves.

Ceux qui vivent là ont jeté la clef !

L'homme est toujours très légèrement penché vers l'avant, vers nous, les mains mobiles et ouvertes, le sourire bien accroché. La voix claire, trainant un reste d'accent savoyard, des yeux de gamin dissipé, il nous regarde, il écoute, rare ! Ses mots à lui sont simples, spontanés, il connaît son sujet, il parle de l'anarchie et il prononce le mot avec gourmandise ! Ses parents l'ont trempé dans le bouillon libertaire dès sa venue au pire des mondes, son prénom choisi dans le calendrier républicain de 1792 en témoigne. Il parle d'un anarchisme écologiste en découpant une orange douce avec son canif. Il décrit sans romantisme un monde nouveau, il évoque les moyens patients d'y parvenir, en “doublure” du système capitalisme actuel, pour au bout du compte le remplacer.

Floréal Roméro présente Murray Bookchin*, militant et essayiste écologiste libertaire (1921-2006) et pense comme lui que l'homme peut apprendre à correctement gérer la planète dès lors qu'il cessera d'exploiter son prochain. Bookchin imagine pour cela la création de communautés vivables parce que réduites, capables d'une gestion des affaires publiques à échelle humaine, il parle de municipalisme libertaire, de communes. Il dit aussi : “il faut choisir, se reposer ou être libre !”

Et Floréal Roméro ne se repose pas ! Entre déplorer ou agir, il choisit : il taille ses orangers, cueille ses avocats, sert des galettes bretonnes, écrit des livres et prépare un lendemain : pour répondre à la question (que je ne manque pas de poser chaque fois que se termine une soirée refaire-le-monde) : “quand est-ce qu'on commence ?” il lance un appel, il propose une réunion internationale, rien de moins ! On peut lire son appel sur “populaction.com” ou “puissance-plume” (entre autres) 

*Avec Vincent Gerber, Floral M.Roméro publie : “Murray Bookchin, pour une écologie sociale et radicale”

Collection “les précurseurs de la décroissance” chez “ le passager clandestin” éditeur

 Il devrait venir présenter le livre prochainement par ici.

 

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15 février 2015

Ma bohème

mjc

Ma bohème 

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !

Mon unique culotte avait un large trou.
Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou

Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;

Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !

Arthur Rimbaud

6 février 2015

Agir ou déplorer

agir ou déplorer

Agir ou déplorer ?

Il y a des milliers de gens qui par principe s’opposent à l’esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme; qui se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu’ils ne savent que faire et ne font rien ; qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et peut-être, s’endorment sur les deux. Quel est le cours d’un honnête homme et d’un patriote aujourd’hui ? On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un “Dieu vous assiste” à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux.

La Désobéissance civile (1849) - Henry David Thoreau

Actuel, non ? L'intégrale du texte ici !

31 janvier 2015

art contemporain Cynnhorodon-Faldac

Et si on reparlait d'art contemporain !

art contemporain

 

Allons faire un tour sur Cynnhorodon-Faldac, blog de réflexion et de défense de l'Art dit contemporain, dans lequel Louis Doucet sème ses baies rouges et irritantes et met régulièrement de l'ordre et du discernement dans nos pensées, en tous cas dans les miennes ! Quel bonheur de les voir ainsi formulées aussi clairement et justement !

Extrait de “Démagogie et populisme” février 2015  :

 Le comique de cette triste situation est que ces mêmes personnes s’approprient, sans vergogne, des postures revendiquées notamment par Duchamp et Beuys, artistes dont ils vouent les œuvres aux gémonies et sur lesquels ils vomissent leur haine, leurs invectives et leurs insultes, sans d’ailleurs connaître leur travail ni surtout proposer d’alternative viable. Le brûlot périodique de Nicole Estérolle est un exemple patent de ce type d’attitude. Le discours qui y est développé est, en bien des points, comparable à celui qui stigmatisait, en des temps de triste mémoire, l’entarte Kunst. On y lit, en filigrane, des fragments des (non-)programmes culturels fétides des municipalités récemment conquises par le FN. Sa démarche a toutes les caractéristiques de celles des partis populistes, de droite ou de gauche, désignant les intellectuels – les « élites », dans leur terminologie – à la vindicte populaire, entretenant les frustrations d’artistes en mal de reconnaissance, s’appuyant sur une inculture plastique et esthétique volontairement entretenue par l’État, maniant les approximations et les raccourcis hâtifs, déformant l’information, focalisant sur des détails de peu d’importance, généralisant et caricaturant sur la base de données erronées… Toutes méthodes éprouvées par les régimes dictatoriaux. On peut y déceler les frustrations et la jalousie d’artistes blessés de ne pas être reconnus et qui, au lieu d’en rechercher les racines dans leur propre travail, tentent d’en attribuer les causes aux autres. C’est tellement plus facile que se remettre en cause…”

La suite sur Cynnhorodon-Faldac !

25 janvier 2015

Chroniques jardinières

chroniques jardinières

Chroniques jardinières

Allées et venues

 

- Dites-moi, ce sont...

- Ce sont ?

- Ce sont de mauvaises herbes !...

- Quelques graminacées, tout au plus, rien de bien méchant…

- Tout de même… Ce sont de mauvaises herbes…Et cultivées, en plus ! Vous cultivez des mauvaises herbes !

- Oui…

- C'est interdit ! Si vous vous faites pincer, vous allez vous retrouver en cabane !

- Vous savez, avant, je les arrachais, je faisais comme tout le monde, je sarclais, je binais…

Et puis un jour, je suis tombé sur une mauvaise graine…

- Dans un sachet de contrebande !

- Que j'avais acheté au marché noir ! Oui, c'est ça ! Un passager clandestin !

- Qui vous a demandé une terre d'asile !

- Je ne pouvais quand même pas le dénoncer ! Et voilà le résultat !

- Je vais vous faire une confidence… Un jour, moi aussi, j'ai recueilli un chiendent perdu…

- Non !

- Si ! Et j'ai aussi un carré… d'herbes…

- Des mauvaises ?

- Oui ! De la sarclure !

- De l'ivraie !

- Oui, c'est ça ! Des exclues, des sans-papiers, que tout le monde repousse !

- Et qui repoussent !

- Menacées du désherbant !

- C'est vrai que ce sont des herbes folles !

- Mais ce n'est pas une raison !

- Non ! Ce n'est pas une raison pour nous les couper sous le pied !

- Sous prétexte que leurs binettes ne nous reviennent pas !

- Bon, c'est vrai qu'elles sont quelque peu envahissantes !

- Oui, mais c'est tellement bien un carré d'herbes…

- Oui, c'est bien, pour marcher dans l'herbe !

- Et pour les déjeuners sur l'herbe ! Mais dites-moi, vos légumes… ils ne sont pas au courant ?

- Certainement pas ! Ils le prendraient très mal !

- Sûrement ! Les légumes sont racistes pour la plupart !

- Ils supportent mal que l'on piétine leurs plates bandes !

- Ils sont un peu terre à terre, c'est vrai !

- Moi-même, j'ai eu beaucoup de mal à leur faire admettre la cohabitation avec certaines variétés exotiques. Les pois surtout ! Ceux là, ils n'en foutent pas une rame et ils sont toujours à critiquer !

- Le chou est raciste !

- Parce qu'il est bête, en fait ! Le topinambour, aussi !

- Oh ! Oui ! Le topinambour est resté très pétainiste !

- Et le brocoli !

- Alors là, c'est un comble, le brocoli, il ne parle même pas français, le brocoli !

- Et les radis ! Mes radis roses ne supportent pas les noirs !

- Vous faites comme moi, je suppose ?

- Que voulez-vous dire ?

- Vos mauvaises herbes, pour ne pas être repéré, vous les cultivez…

- Dans mon jardin secret, bien sûr !

 

 

12 janvier 2015

Charlie Va falloir

Charlie

Va falloir…

Du verbe falloir, impersonnel, exemples : va falloir, ce qu'il faut, faudrait pas que…

Et maintenant ? Va falloir…

Proposition n°1 : va falloir… apprendre à dessiner !

On peut apprendre à dessiner.

On peut apprendre à dessiner comme on peut apprendre à lire et à écrire.

On n'a même pas besoin d'apprendre en fait !

Tout le monde sait dessiner.

Plus ou moins bien, mais tout le monde sait.

Bien ou mal ça n'a pas d'importance : regardez Reiser ou Wolinski, ils dessinaient comme des cochons, et pourtant…

Tout le monde sait dessiner.

Quelques uns savent depuis toujours qu'ils savent, les autres croient toujours qu'ils ne savent pas et que les premiers sont doués, ils se trompent !

L'important est de dessiner.

Tout...

Tout ce qui te passe par la fenêtre (Lise Deharme)

Pour faire un dessin, il faut :

Du papier : on peut dessiner sur n'importe quoi, sur les murs, dans la neige ou le sable mouillé à marée basse, dans le creux de sa main, sur les vitres embuées, dans sa tête… Mais le papier est tout de même le support le plus utilisé.

Ne pas oublier qu'une page blanche c'est un silence, un qui-ne-dit-mot, mais c'est un possible, une proposition, une invitation, un espace à crayonner d'urgence, une liberté !

Un crayon : un stylo, un porte-plume, un feutre ou un simple crayon (ils sont tous “à papier”) bien aiguisé, pointu, cabu.

Attention ! Un crayon n'est pas un simple outil d'écriture pour rédiger une liste de commissions, c'est un puissant levier qui peut soulever bien des interrogations, un crayon chargé peut faire (une) mouche !

La gomme n'est pas utile, c'est un outil de correction, d'autocensure, aujourd'hui il faudrait s'en méfier, ne pas s'effacer…

Mais peut-on s'accorder le droit de dessiner n'importe quoi,  n'importe qui ? Et si, au non de la liberté d'expression, on doit l'accorder à tous, serons-nous ensuite assez libres pour dire à certains que l'on n'aime pas leurs dessins mais qu'ils ont le droit de salir ainsi des pages blanches et de les publier ?

Un dessin c'est un poème, un livre, une bibliothèque, un voyage, une arme, un abîme, une perspective, un pays, un dessein.

Un dessin peut faire rire, sourire, souffrir, mourir. Un dessin peut faire peur, inverser le sens de rotation des aiguilles des montres ou celui de la planète, changer la vie.

Prévert dit que si le dessin est réussi, l'oiseau doit chanter.

Il dit aussi qu'il faut signer.

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