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Jacques Trouvé/objets perdus
10 mars 2014

Patrick Laroche

 

Patrick Laroche

Espace Culturel à Rignac Mars avril mai 2014

 

Patrick Laroche expose des dessins de nus, la plupart de format carré ou proche du mètre carré, dessins au fusain, carrés Conté, encre, peinture en aplats ou en lavis, sur du papier, blanc ou kraft.

Des dessins, du dessin. D'après le modèle, immobile et vivant, nu, nue. Quelques fois d'après des photos du modèle, il me semble.

Sacrée école le dessin de nu ! La quête d'un idéal de beauté antique, la mise en œuvre d'idées de perfection anatomique, d'harmonie universelle, concepts bien démodés, ou recherches expressionnistes ou l'humain sera montré dans toutes ses réalités.

Un exercice très “Beaux Arts” en tous cas ! Nous sommes tous d'accord, anciens des Écoles d'Arts, pour dire que nous avons “appris à dessiner” avec le modèle  (oh ! combien !) vivant, retouchant des heures durant le dessin de la ligne d'un sein, du galbe d'une hanche !

 Le dessin de nu fascine.

La “façon” de Patrick Laroche est classique, certes,  mais pas académique. Bien sur, le souci est de dessiner juste, de bien respecter les proportions du corps, les directions, le mouvement stoppé pendant les courtes ou longues minutes, poser sur le papier ses connaissances en anatomie, transcrire le modelé, la lumière et les ombres, les valeurs qui font les muscles.

Mais Patrick Laroche “pousse” quelque fois une épaule, élargit un bassin, découpe les mains ! Il appuie un noir pour creuser une attache, rehausse un dos d'un coup de blanc sur le kraft. La ligne danse, serpente, calligraphie, frime même ! La pierre noire cherche sa place en caressant la surface puis vite le trait plus noir traverse la feuille, affirme le “caractère” de la pose. C'est un dessin de boxeur en outre, ou de danseur, concentré mais rapide, contrôlé et spontané à la fois.

De plus, des fonds, noir de graveur, pour découper le corps, un horizon.

Le beau dessin est posé, il se suffit, je trouve.

Patrick Laroche pourrait en rester là.

 

Mais il ajoute.

Il travaille quelques fois sur des papiers préparés, avec des collages sur lesquels viendra s'installer le dessin.

Il ajoute, ça et là, une marque colorée insolite, qui capte le regard, détourne la lecture, un signe que l'on cherche à déchiffrer, un néon de jaune qui limite un noir, un très petit choc de pinceau bleu, une ligne large sur un bord qui casse la figure au carré, qui lui bousille ses angles droits…

Je me suis demandé pourquoi ces ajouts.

Pour “sortir” du dessin, annoncer un désir de peinture, pour “moderniser” son travail, le rendre moins classique, plus “contemporain” ?

Je l'ai entendu évoquer de vieux tics de graphiste… Hum ! Ça ne me suffit pas !

 Détail : la signature est étudiée, travaillée. Elle occupe en petites lettres espacées toute la largeur du dessin, en bas, et elle subit les mêmes tics du graphiste.

Pour ma part, je trouve que Patrick Laroche dessine trop bien. Et tous les beaux dessinateurs d'aujourd'hui dessinent trop bien. Titouan Lamazou, puisqu'il a été évoqué au vernissage, dessine trop bien.  Et ils prennent le risque de dessiner tous pareil.

Patrick Laroche renonce quelques fois au modèle nu pour dessiner des animaux à poils, vaches, ânes, porcelets ! J'aurais envie de lui passer commande : “Patrick, dessines-moi un mouton … de la main gauche …”

 

 

 

patrick laroche

 

 

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Commentaires
P
Bonsoir Jacques,<br /> <br /> Je me suis soumis, curieux comme je le suis, à ton invitation à visiter ton site. Site dédié entre autres bonnes idées, présentes et à venir, à « l’écriture sur les gens qui peignent » pourrait-on dire.<br /> <br /> C’est une belle idée que je caresse aussi de temps en temps. A moins que ce ne soit elle qui m’aguiche et à laquelle je pourrais être tenté de répondre. C’est aussi une demande que m’a faite une amie peintre et à laquelle je n’ai pas encore pris la décision de répondre. Parce-que… comment faire ? Comment ne pas mal faire, ni trop bien faire ?<br /> <br /> Je n’envisage la chose que comme un apport amical, un cadre transparent en quelque sorte (déformation professionnelle…), quelque chose comme un petit coup de pinceau fondu dans le « décor » et qui apporte sans déranger, sa propre étincelle. Une création parallèle, complémentaire, complice. Voire un ricochet ou un écho insolite. Tout sauf de la critique d’art comme tu le dis dans le petit paragraphe bleu. Mais, justement…<br /> <br /> <br /> <br /> Dans ton billet sur Patrick, un « mais il ajoute » prédis un désaccord et ouvre le champ à une dissection qui ne se fait pas attendre. Dissection certes non-violente mais malgré tout dérangeante. Et, de mon humble et amical point de vue, tu te prends magnifiquement les pieds dans le tapis-brosse de l’entrée du bureau du service de la Critique d’Art. Car dans le champ de l’art, selon nos divers niveaux de compétences, que pouvons-nous prétendre en toute humilité connaître sinon maîtriser, en quoi sommes-nous en mesure de porter conseil ou référence ? Tout au plus nous référerons-nous à quelques bribes d’histoire, à un petit bagage technique méticuleusement accumulé et qui fait pour chacun son trésor. Mais de vérité, et c’est heureux, nous ne possédons pas la moindre miette.<br /> <br /> Y aurait t’il un sens à demander à Soulages de moins user du noir, à Klein d’économiser son bleu, à Molière ses rimes… Mes exemples sont ridicules à souhait. Je force la dose pour te dire à quel point il me parait inconcevable, et tellement inattendu de la part d’un artiste, de demander à un collègue et ami de justifier sa démarche, son idiome, sa syntaxe. Et cela quel que soit le ressenti que nous impose notre propre grille de lecture. Pour faire écho à la discussion d’une récente soirée d’été où le débat porta pendant quelques minutes sur la mentalisation de l’acte de peindre, j’ai envie de redire : laissons parler le cœur de chacun, ses émotions, laissons-le mettre en forme les morceaux de sa propre histoire, avec ses propres outils, sa palette unique. Laissons- le cartographier son territoire.<br /> <br /> J’admets bien évidemment que, sortis de la sphère de l’amitié, nous puissions dans notre regard porté sur la création contemporaine et sur l’art sous toutes ses formes, faire appel à d’autres éléments d’évaluation, que, porté sur la scène publique le débat puisse devenir largement plus technique, moral, économique etc.<br /> <br /> Personne ne dessinera jamais trop bien, tu le sais. Le dessin est une voie, une « voix » parmi d’autres. Le dessin de Patrick (qui n’a pour moi, et de loin, strictement rien à voir avec celui de T. Lamazou. Et quand bien même…) est un chemin où il se raconte avec la générosité qui lui fait honneur et qui en fait un ami sans ombres. C’est un dessin qui a ses raisons d’être, c’est un dessin (c’est aussi beaucoup plus que du dessin) de pleine lumière, de formes généreuses, c’est aussi un travail de maîtrise qu’il porte avec une modestie qui lui fait honneur.<br /> <br /> Quand au dessin de nu qui fascine, on peut aussi trouver à dire. La nudité, et notamment la nudité féminine fascine en-effet tant, depuis des siècles, elle s’est abritée sous les voiles les plus variés, tant elle est et restera l’objet de nos plus beaux fantasmes. Mais le nu maitrisé, c’est une autre histoire. Quelles qu’en soient les multiples interprétations graphiques, peu, très très peu me touchent réellement. En outre, et ce sera ma dernière remarque, l’opposition peintre-graphiste que l’on entend assez régulièrement dans la bouche des peintres, tend, intentionnellement ou non, à déclasser le travail des uns au profit des autres. <br /> <br /> Voilà pour l’humeur !<br /> <br /> Je te joins en complément d’éclairage, quelques éléments de textes écrits par l’un de ses amis en accompagnement de la peinture de Guy, mon frère. J’y trouve le sens du complément d’œuvre auquel je fais allusion un peu plus haut. Mais il y a mille et une façons, peut-être même deux ou trois de plus, de parler des choses qu’on aime.<br /> <br /> Encore une fois, je te livre tout cela en toute amitié. Je ne pouvais pas garder ce gros morceau « sur la patate. »<br /> <br /> A bientôt.<br /> <br /> Philippe
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