Pierre Bonnard
(Photo Henri Cartier Bresson/Pierre Bonnard assis/30x40cm.1944)
8 juillet Paris Musée d'Orsay
notes en vrac
vérification faite, Victorine, nue, déjeune éternellement sur l'herbe ou joue Olympia les yeux dans les yeux avec Manet
la petite danseuse de Degas me regarde de haut
mais j'ai rendez-vous avec Pierre Bonnard
Bonnard est ma première rencontre avec LA peinture
dans les années 60 je découpe les rares revues d'art et punaise les repros des tableaux de Bonnard aux murs de ma chambre-atelier ou je les colle sur mes classeurs de lycéen
aujourd'hui, 8 juillet, je suis devant les tableaux originaux, à sa place, quand il les a peints
un peu de poussière magique va surement se déposer sur ma tête et mes épaules
je retrouve "la grande salle à manger", "l'atelier aux mimosas" si jaune (peint entre 1939 et 1946, les dates de la guerre) le "coin de table" avec son ridicule dossier de chaise en haut à gauche
Ses chats lui ressemblent / c'est lui le chat incliné et endormi qui ne surveille pas "la sieste au jardin" ou le compagnon exigeant de "la femme au chat"
Marthe est cachée dans "le nu dans un intérieur" venu de la Nationale Gallery de Washington / Marthe est souvent cachée dans les tableaux de son mari (chercher Marthe) elle est de la couleur du mur, intégrée au papier peint, quasi invisible dans le reflet du miroir de la salle de bain, dissoute dans l'eau de sa baignoire
Bonnard le photographe décadre, coupe les corps et les décors de façon inattendue, privilégie les hors champs / la radio murmure dans la pièce à côté ici est le silence
Il signe "maigre" quand il signe, en petites lettres en promenade
Les plans basculent / Bonnard s'assied, se lève, s'envole au dessus de son sujet
Devant un Bonnard on est chez Bonnard / il est sorti mais il va revenir long et silencieux et ne rien dire
L'autoportrait en vieux chinois est à Toulouse chez Bemberg
Quel adversaire affronte Bonnard dans l'autoportrait en boxeur / match perdu d'avance
Dans le grand panneau commandé par Reichenbach un coup de sabre de jaunes et d'orangés transperce les gris-bleus
Plus bas un groupe de fourmis cannetoises et endimanchées
je les connais par cœur
je reste toujours également ému par la "petite peinture" de Bonnard, discrète et silencieuse qui s'excuse d'être là, pas terminée