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Jacques Trouvé/objets perdus
5 mai 2014

Banyuls Maillol

 

Le Rio1 et 2

Banyuls,

Vallée de la Roume, 1963

Dans les années 50, les parents nous envoyaient chaque été en colonie de vacances, quelques fois sanitaires donc salutaires pour les gamins du baby-boom de l'après guerre. Ensuite les “camps d'adolescents” prenaient le relais.

Cette année là, nous étions installés sous des marabouts et des tentes militaires au bord du lit sec d'un “Rio Grande” tout près de Banyuls dans les Pyrénées Orientales.

Le Rio était provisoirement absent de son lit mais l'on savait qu'au prochain orage il dévalerait des collines pour passer sous nos fenêtres de toile.

Régulièrement on nous octroyait une liberté de quelques heures. On nous lâchait en ville ou dans la campagne autour du camp. A cette occasion je remontais chaque fois de plus en plus haut le lit de cailloux du ruisseau immobile avec un camarade silencieux dont j'ai depuis oublié le nom et le visage.

Je me souviens de ce jour ou nous étions parvenus assez loin dans la garrigue, notre attention fut attirée par les taches claires d'un mur au travers de la végétation. Une maison se trouvait là, avec des parties ruinées, écroulées et pillées et d'autres aux portes et volets bouclés. La végétation l'envahissait et rendait l'exploration peu aisée.

Il me semble me souvenir qu'au travers des volets clos et sous les portes bloquées une “charge”, un mystère se glissaient et que l'on entendait une musique, les bruits d'une activité silencieuse et des conversations muettes. Je n'en sais rien, en fait. Il est probable que notre imagination d'explorateurs en culottes courtes organisait ce concert. Il n'est pas impossible aussi qu'aujourd'hui, sachant toute l'histoire de ce domaine refermé et dormant, j'invente  le souvenir de ces musiques.

Bien plus tard, dans les années 80, je suis retourné à cet endroit, par la petite route cette fois. Je n'ai pas eu de mal à retrouver la maison. Elle était en travaux : on avait entrepris de la dégager de sa jungle, elle serait bientôt complètement restaurée. Je sus ce jour là qu'on avait dérouillé les persiennes, vernis les portes, arrangé l'intérieur pour y accueillir de belles dames nues aux corps de bronze. On préparait enfin le retour d'Aristide Maillol à la Métairie ! Bientôt Dina descendrait le chemin, pieds nus, et bientôt débarrassée de sa robe rouge prendrait la pose.

Quand j'ai pu enfin entrer en visiteur dans la maison/musée de Maillol, il y a peu, j'ai découvert que le vieil Aristide était enterré là, dans son jardin, sans doute depuis sa mort en 1944. Lors de notre intrusion de 1963 j'aime croire qu'il nous guettait sous les buissons de figuiers sauvages.

Maillol, de la ligne au volume. Le musée Toulouse-Lautrec, à Albi, en collaboration avec la Fondation Dina Vierny, Musée Maillol, Paris, présente une exposition de dessins et de sculptures d’Aristide Maillol (1861–1944, Banyuls-sur-Mer) pour célébrer le 70e anniversaire de la mort de l’artiste. Exposition du 5 avril au 22 juin 2014

 

 

 

 

 

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8 mai 2014

Jean Estaque

Estaque

 

Portrait présumé de Jean Estaque

Jean Estaque taille tout ce qui passe à proximité de son canif (toujours un couteau dans la poche, un canif de scout attaché avec une chainette) les manches des pinceaux, ceux des cuillères en bois, les porte-plume, le moindre bout de tilleul devient un bonhomme, un bon homme avec des yeux immenses et naïfs comme ceux des portraits du Fayoum. Il grave les ardoises d'écoliers jusqu'à les percer pour nous montrer le monde peu sérieux caché de l'autre côté.

Jean Estaque fait, avec tendresse et insolence, de petites sculptures, des jouets d'enfant, pour réveiller notre communale et activer les picotements de nos genoux couronnés, des voitures, des bateaux, (celui-ci plein de poupées noiraudes en hommage aux victimes de Lampedusa) des sculptures polychromes comme les chapiteaux de Sainte Austremoine à Issoire, des petites sculptures pour les avoir toujours sur soi, dans les poches et se les faire confisquer à la récrée.

Jean Estaque est un autre moine, il croit en Dieu, il croit aux dieux, mais pas n'importe lesquels, les siens. Il les invente et il les fabrique. C'est plus sûr, quand on connaît ses saints, on les honore. Il taille donc ses propres saints et il les traite de tous les noms : Honoré, Bouton, Doigts, Christophe, Blé (celui qui exauce les désirs de beurre et d'argent du beurre), Réunion (celui qui favorise les rassemblements).

Le soir, Jean Estaque ouvre leurs reliquaires, pille leurs tirelires, vide les troncs. Il capture les canonisés et leur introduit des pailles dans les orifices, leur fait des chatouilles sous les bras et leur promet les enfers ! Sorcellerie ! Me direz-vous ! Peut être. Mais on a bien le droit de penser libre !

Avec les pièces récoltées Jean Estaque achète sur les brocantes les éditions rares de Maupassant. Jean Estaque est éditeur, il publie Maupassant : avec application et un pinceau sculpté à six poils ou un porte-plume surmonté d'un hussard il recopie fidèlement les nouvelles de Maupassant avec une belle écriture anglaise scolaire et dodue. Il calligraphie avec amour les pleins et les déliés à l'encre blanche sur des fonds de nuit ou de pénombre. Jean Estaque recopie en tirant la langue les meilleures passages de Boitelle, de la Maison Tellier, du père Amable, de Mademoiselle Fifi et au milieu du texte il colle les personnages de la nouvelle, deux ou trois figurines sculptées hautes comme un paragraphe, au garde-à-vous dans leurs couleurs du dimanche (robes fleuries, rouge aux joues, complets vestons et souliers vernis) Ils se présentent, ils vont jouer la pièce ou ils saluent, lecture faite, rideau !

Maupassant adore ! Et pour remercier Jean Estaque, flanqué de Leloir et de Mirbeau, il l'emmène régulièrement prendre un verre à la Feuille de Rose, Maison Turque de réputation.

Jean Estaque expose à Rodez, du 7 mai au 13 juillet à la Médiathèque et à la Menuiserie

 

La Menuiserie, chez Jeanne Ferrieu, rue du 11 novembre, comme son nom le dit, est une caravelle du temps de la marine en bois, pas une brique, que des planches ! Embarquement garanti !

La médiathèque est une médiathèque, au centre ville, en face de l'Hôtel de Ville.

 

11 mai 2014

Marcel Duchamp et l'Art contemporain

Buren

Marcel Duchamp et l'Art contemporain

Contemporain : définition : qui est du même temps que quelqu'un ou quelque chose.

Art : définition : l'art est une activité humaine, le produit de cette activité ou l'idée que l'on s'en fait, s'adressant délibérément aux sens, aux émotions et à l'intellect. On peut dire que l'art est le propre de l'homme et que cette activité n'a pas de fonction clairement définie.

Donc l'art contemporain c'est bien l'art qui se fait aujourd'hui, pas celui d'hier, ni de demain. Donc j'en suis, nous en sommes ! Il suffit d'être vivant aujourd'hui, de barbouiller n'importe quel sous bois avec biches ou d'installer un urinoir à l'envers sur un socle pour être un artiste contemporain ! Je suis contemporain, forcément !

Autre définition : art contemporain : ensemble des courants artistiques depuis 1945 jusqu'à nos jours (variante : depuis 1960 jusqu'à nos jours)

Dans l'Histoire de l'Art, l'Art Contemporain succède à l'Art Moderne.

Les attaques que subit l'Art contemporain ne datent pas d'hier ! (arnaque, délire d'artistes, assassin de l'Art d'avant et du métier, élitiste, etc.) Ceux qui n'en sont pas me semblent les plus virulents pour en condamner les artistes.

Les attaques que subit l'art qui se fait ponctuent l'Histoire de l'Art ! (Manet, son Déjeuner sur l'herbe, son Olympia, les Fauves au Salon d'Automne, etc.)

Pour certains ce serait Marcel Duchamp qui aurait commencé, qui aurait mis une belle pagaille (dans les années de guerre, de 1913 à 1917 !) en posant avec pas mal d'humour la question que personne ne se posait : l'Art ? C'est quoi ?

Depuis quelques uns affirment aujourd'hui que l'Art contemporain ne serait pas de l'art !

Bon, moi j'ai envie de défendre Marcel Duchamp ! Et l'Art contemporain !

DuchampMarcel Duchamp (qui est en 1917 un artiste, reconnu comme tel, avec son nu descendant un escalier) choisit un objet (un urinoir) l'installe à l'envers sur un socle, lui appose une signature et une date (R.Mutt, 1917), lui donne un titre (Fontaine) et le propose pour exposition dans un lieu destiné à l'Art.

Les réactions ne vont pas tarder ! Sa Fontaine est refusée ! Ce n'est pas de l'Art ! Marcel est ravi, c'est la question qu'il voulait poser, la galerie lui donne une réponse.

Il y a aussi ceux qui disent alors le contraire : c'est une œuvre d'Art véritable, son refus est une censure !

Pour savoir qui a raison, il va donc falloir  tenter de définir ce qu'est  l'Art !

Les “pour” disent : il est reconnu comme artiste, il n'a pas rien fait, il a choisi l'objet et il l'a transformé en le retournant, il l'a détourné de sa fonction première, il l'a signé, daté, reconnu, il le destine à l'exposition dans un lieu consacré : ce sont les gestes que font tous les artistes : choisir, transformer, assumer une pensée, une idée en l'exposant.

Les arguments contraires tiennent aussi, la question n'a pas de réponse, elle se pose encore aujourd'hui cent ans plus tard.

Elle dit en même temps que désormais tout est possible ! Marcel invente la liberté !

 

Plaidoyer pour L'Art contemporain :

L'Art contemporain se fabrique ainsi aujourd'hui parce qu'il ya eu un art hier et avant-hier, il se fait en continuité ou en ruptures, il n'ignore rien de l'Histoire de l'Art !

L'Art contemporain utilise les moyens d'aujourd'hui, comme chacun dans sa vie quotidienne (aujourd'hui on peut utiliser un téléphone portable ou écrire une lettre)  il a inventé de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux, conservé certaines, abandonné d'autres !

L'Art contemporain est imprégné de son époque, il témoigne de son temps, de son absurdité, de sa violence, de sa poésie. Il parle de la vie, de la mort et des grands thèmes humains !

L'Art contemporain est vert, adolescent ! Il n'est pas mûr ! C'est un art en recherche, donc il présente des excès, des expérimentations, des provocations ! Le temps, seul juge, fera le tri !

L'Art contemporain abolit les frontières entre les arts ! L'artiste d'aujourd'hui fait appel tour à tour aux arts plastiques, aux arts vivants, au théâtre, à la danse, à la vidéo, au cinéma, à la littérature, etc.

L'Art contemporain est parfois difficile d'accès, il faut du temps et des efforts pour le comprendre, comme pour comprendre et découvrir une personne (ou soi même) et s'en faire un ami ou un amour !

L'Art contemporain est quelques fois éphémère, se transforme, disparaît et ne laisse que des traces dans la mémoire. Comme tout ce qui vit, il est mortel ! Même la Joconde est mortelle !

L'Art contemporain a de l'humour ! Il exacerbe aussi nos émotions, crée des perturbations, des indignations, il ne laisse pas indifférent !

L'Art contemporain sort de musées, des galeries, de tous les “temples”, de toutes les “chapelles” pour s'installer dans la rue et la campagne où chacun peut le rencontrer !

On a sacrément avancé depuis Marcel Duchamp ! L'Art d'aujourd'hui n'est plus seulement défini par les trois termes : Beau, vrai et bien fait ! L'esthétisme n'est pas suffisant, la représentation, la ressemblance peuvent être remises en cause, la technique n'est plus primordiale.

L'art d'aujourd'hui est libre ! On peut faire ce qu'on veut, comme on veut, comme on peut ! Quel liberté de pouvoir faire ce métier et de pouvoir montrer tant bien que mal ! Quel bonheur d'en avoir le droit ! Daniel Buren peut continuer à rayer notre quotidien, Balthus et Lucian Freud ont pu peindre devant un chevalet !

Mais il faut rester vigilant, car bien sûr la liberté est infiniment subversive !

C'est peut être vrai que la DRAC finance certains et pas les autres, les politiques ont choisi les avant-gardes pour ne pas se tromper comme Napoléon III et rater le prochain Manet ! Mais ça ne marchera pas ! Le temps fera le tri ! Quand nous ne serons plus contemporains !

 

 

 

 

 

 

8 août 2014

Bissière, le passeur+Louttre

Bissière

 

Bissière, le passeur

J'ai vraiment connu le travail de Roger Bissière à l'expo de la Maison des Arts de Cajarc en 1990. Mes modestes recherches abstraites de cette époque étaient mystérieusement en concordance avec ses peintures, alors que je ne le connaissais pas, ou bien mal en tous cas, que je ne pensais pas à lui à ce moment là. Je me reconnaissais pourtant sous son influence !

Enrichi de la vue des Bissière de Cajarc, j'ai continué mon voyage non figuratif  d'îles en îles en faisant d'infinies découvertes. Bissière a été pour moi, pendant ces traversées, un passeur attentif.

Plus tard, mon amie lotoise Clémentine m'organisa d'abord une ballade autour de la maison de Bissière à Boissiérette, à Marminiac (énormes blocs de pierre taillés dans les bois environnants, pierres levées comme à Carnac, temple de l'amour aux fresques roses, reste de champs de girouettes…) et une exposition non loin de là, à Montcuq.

Un Bissière était toujours propriétaire de la maison, son nom était inscrit sur la boîte aux lettres : M.A.Bissière. Je l'ai invité par l'envoi d'une enveloppe peinte au vernissage de mon expo à Montcuq. Il n'est pas venu. Mais il m'a répondu par retour du courrier, il n'était pas disponible mais il m'invitait à son tour à Boissièrette !

C'était Louttre B. doux géant au physique d'acteur américain, qui me fit visiter pièces par pièce la maison de son père et tous les recoins de son jardin. Trop intimidé pour lui poser les bonnes questions, je respirais néanmoins ce jour là le plus lentement possible avec une application toute particulière pour ne jamais oublier ce moment !

Louttre me parraina en 94 et 95 pour accrocher à Réalités Nouvelles.

 

Un grand choix de tableaux de Roger Bissière sont installés au Musée de Lodève jusqu'au 2 novembre 2014.

L'expo se nomme "figure à part".

 

Bissière2

 Bissière à écrit :

Je ne vais pas dans un musée ou une exposition pour voir des tableaux mais pour y rencontrer des hommes. Mais qu'ils sont rares les hommes.

On rencontre plutôt des prestidigitateurs, si élégants, si aisés… Ils n'ont rien dans les mains, rien dans les poches et ils le réussissent à chaque fois, leur tour.

Chacun son goût.

Moi j'aime mieux ceux qui le ratent parfois. Ceux qui ne font pas toujours le même.

Qui en essayent chaque jour un autre, inconnu, dangereux, au risque de se casser les reins. Ceux qui ne peuvent apercevoir une porte sans avoir envie de regarder derrière, même si derrière il y a des pièges à loup.

Il y aura toujours une place dans mon cœur pour ces œuvres pas tout à fait abouties, oscillantes, mais où je sens passer un instant quelque chose qui me fait penser à un ami.

La perfection, oui, c'est très bien. Mais ça me fait peur.

C'est comme le paradis, rien de plus effrayant.

 Bissière/T'en fais pas la Marie/écrits sur la peinture 1945-1964/Le temps qu'il fait/éditeur

5 mai 2015

Marie Claude

Croquis

Mariclaude-ok

 

Marie Claude fait des collages

les collages de Marie Claude lui ressemblent

comme elle, ils sont colorés et joyeux !

mais discrets toutefois, ils parlent à voix basse, il faut leur prêter l'oreille

ils ont de fréquents fous rires

ils sont dissipés !

Ils habitent près de la Butte aux Cailles

ils ont leurs habitudes au Sélect ( qui ne l'est pas ) à Montparnasse.

Ils ne cachent pas ce qu'ils doivent à François Dilasser

Ils sont une "écriture" et ils ont  pu annoncer, en temps voulu,

la maladie, le désarroi.

Marie Claude fait (faisait) des collages.

Voir : album "les collages de Marie Claude"

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8 février 2016

Pierre Soulages

noir

J'ai (enfin) visité la nouvelle cathédrale de Rodez vouée au culte de l'enfant du pays, Pierre Soulages.

Quand on a la chance de voir naître dans ses murs un demi-dieu, on se doit de lui élever un temple ! Et le demi-dieu ayant largement dépassé les chiffres de l'espérance de vie, on peut se dire qu'il est sans doute immortel, que c'est probablement un dieu entier !

Le grand temple du noir est impressionnant comme une cathédrale gothique ! (noire forêt de troncs rectilignes destinée à faire peur, destinée à faire taire)  Les croyants et les incrédules s'y rejoignent et communient ! Nul n'ose dire sa petite sensation contraire, nul n'ose contester le dogme ! L’œuvre du Maître n'est pas contestable en soi, Pierre Soulages a consacré sa vie au noir, c'était son droit, c'était une recherche vraie, une recherche légitime ! Mais l’œuvre ne fait pas l'unanimité, le bon peuple semble dire qu'il n'y comprend rien et qu'en tous cas, il en fait autant ! Et il a bien le droit de penser comme ça, le bon peuple ! Donc, pour qu'il comprenne bien, pour qu'il se range à l'avis officiel, on lui a bâti une cathédrale moderne, contemporaine, ou l'angle droit impose sa dictature ! Une cathédrale noire, le noir c'est l'obscur, le mystère, mais le fini (la page est noircie)

Tout de même il y a une partie blanche dans la cathédrale, une page blanche où les invités peuvent écrire noir sur blanc, un champ de possibles ! Le demi-dieu n'en voulait pas de cette construction ou alors s' il pouvait y recevoir des invités ! Actuellement Sotto y trompe nos yeux de mille couleurs !

 

J'ai visité la toute nouvelle cathédrale de Rodez avec en mémoire un article de Télérama dans lequel Bernard Lahire parle de son livre-essai : Ceci n'est pas qu'un tableau : voici quelques extraits :

... Les émotions que l'on ressent devant une œuvre d'art sont réelles ...

Mais d'où proviennent-elles ? De l'interaction immédiate avec l'objet exposé à notre regard, ou de beaucoup plus loin – de réalités extérieures à cette relation ? Je pense qu'elles sont déterminées par des croyances qui nous échappent parce qu'elles s'inscrivent dans une très longue histoire ...

... En parlant de « magie », je veux rappeler, d'abord, que les objets d'art ont été sacralisés et retirés de la circulation des objets ordinaires. Une place à part leur a été attribuée dans et par le monde social, et cette place est le résultat d'un travail collectif, réalisé par tous les acteurs du monde de l'art : artistes, historiens, critiques, collectionneurs, commissaires-priseurs, État, etc ...

... Que fait un guide touristique lorsqu'il écrit : « Venez admirer Picasso… », sinon nous signaler qu'il existe un lieu spécifiquement consacré à l'admiration ? Et que vient-on y admirer ? Des objets sacralisés. Tout renforce l'aura qui les entoure : le soin avec lequel on les manipule, les gants blancs que l'on enfile pour les déplacer, le prix que l'on est prêt à débourser pour les acquérir, les adjectifs que l'on utilise pour les décrire, la mise en scène des enchères …

... Nous sommes soumis à une forme d'envoûtement qui reste largement inconscient. On ne se souvient plus des raisons pour lesquelles ces objets sont devenus si extraordinaires, des conditions historiques de possibilité de l'émotion artistique ...

Quand un prêtre dit « je te baptise », l'enfant devient chrétien, n'est-ce pas ? Cette puissance de transformation d'un être ou d'une chose en autre chose par la grâce de quelques mots existe aussi en art. Mais avec un degré plus élevé d'incertitude. Car il se trouve toujours d'autres « prêtres » – en l'occurrence d'autres historiens d'art – pour dire : « non ! Ceci n'est pas un Poussin ». Dans le domaine de l'art, la baguette magique est entre les mains de plusieurs personnes… qui ne sont pas toujours d'accord entre elles ...

... mais prendre conscience que l'émotion devant un tableau est rendue possible par une histoire qui s'étend sur plusieurs siècles est vraiment émancipateur : on est moins écrasés par l'obligation d'admirer ; on découvre qu'il est possible d'éprouver de merveilleuses émotions devant des œuvres ou des objets qui, eux, n'ont pas été « autorisés ».

 

ici lien vers l'article complet

 

 

2 juillet 2016

carte d’identité

Étude documentaire

carteOK2,50

C'est une carte d’identité.

C'est une carte d’identité de Français.

Délivrée par l' ̎État Français ̎. Nous sommes en 1944. C'est la guerre.

Le Chef d'État, de l' ̎ État Français ̎, c'est le Maréchal Philippe Pétain.

Le porteur de la carte, avant, était italien : il était venu, comme pas mal d'autres, travailler en France au début du siècle.

Il est français maintenant, naturalisé français, depuis 1930.

Au début, semble t'il, il a signé sa carte d'une croix. Par la suite peut être a-t'il appris un peu à écrire, alors il a inscrit son nom et son prénom, d'une autre encre.

Le préfet des Bouches du Rhone, lui,  il a une super signature, je trouve.

L'italien est en photo sur sa carte, il est photographié de profil, on regarde les gens de profil à cette époque, pas trop de face.

On a tout de même noté son profil busqué, légèrement, mais bon, c'est noté.

On a mentionné le manque de rectitude de son nez.

Il s'en tire bien lui, sa carte ne présente pas la mention juif écrit à la perforatrice spéciale.

La petite notice épinglée a l'intérieur précise bien les choses.

notice2,50

C'était la France

C'était il y a longtemps, c'était une vilaine période

C'est du passé, c'est de l'Histoire.

Et des histoires.

Mais bon ...

 

 

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27 juillet 2018

fiche expo wam créateurs Cahors

wam

Mon expo chez Élodie Chosson à Cahors se termine ce soir

ci après ma petite fiche d'expo

Wam Créateurs, Cahors

nom du lieu ou de la manifestation :

Wam Créateurs, 165 rue de la Barre à Cahors 46000

genre ? (association, privé, etc) galerie privée + shop + atelier

spécialité ? art textile, tout ce qui touche au fil, aux fibres, aux trames, et même peinture et photo si les œuvres ont un rapport avec le thème

site internet : http://www.wam-createurs.com/

description du lieu : beau local blanc 45 avec vitrine sur la rue + grand espace extérieur

quand ? dates d'expo, dates de la manifestation :

des expos régulièrement tout au long de l'année, surtout d'avril à octobre

ouvertures du lieu : quels jours, horaires, respect ?

mercredi, jeudi, vendredi, de 14h30 à 19h et sur rendez-vous

qui s'en occupe ? (nom, contact, compétences)

Élodie Chosson, la galeriste passionnée répond au 06 76 06 67 49

qui garde l'expo ?

elle garde les expos et accueille avec compétences les visiteurs

sélections ? c'est elle qui choisit et invite les artistes

contrat ? verbal appuyé par mails

exigence d'un statut Maison Des Artistes ou autre ? non

autres exigences : aucune

dépôt et retrait des œuvres : à la charge de l'artiste

transport : à la charge de l'artiste

installation : qui installe ? Comment ? l'artiste et la galeriste

assurances : oui

communication : affiches ? cartons ? internet ? qui conçoit la com ?

Élodie conçoit affiches et flyer et communique efficacement par le site de la galerie et son adresse mail / pas de cartons par courrier sauf accord particulier

Vernissage : convivial, frais partagés avec l'exposant

ventes ? pourcentage sur les ventes ? La galerie retient 30 % sur les ventes

et Élodie précise très justement : chère, cher artiste, je compte sur vous pour jouer le jeu le temps de votre exposition chez Wam dans un intérêt commun : il n'y a pas de galerie sans le travail des artistes, mais il y aura de moins en moins de galeries si vous vendez en direct pendant l'exposition.

autres perceptions demandées : aucune

défraiements : non

droit d'exposition : non

droit de reproduction : non

accueil : hébergement ? restauration ? à la maison qui est au dessus de la galerie, si l'artiste est sympa !

Déplacements : à la charge de l'artiste

commentaires (n'engagent que l'artiste exigeant que je devrais être, prière de se faire une idée personnelle)

Wam Créateurs est une jeune galerie (3 ans ) Élodie Chosson suit une ligne (un fil !) cohérente, ses conditions font rêver, non ? et sa galerie est de plus en plus connue, l'accueil est des plus agréables et les soirées de vernissage sur sa terrasse quand le temps est clément sont inoubliables, on y croise des artistes de qualité et on y refait chaque fois le monde !

 

wam2

 

 

 

 

 

 

 

 

2 avril 2014

Pierre Michon

splendeur et misère

Photo dite

C'est une photo noire et blanche. Un tirage argentique. Avec du “grain”, un tirage de labo personnel. Moirée dans le noir, en bas. Un tirage pour voir, mal séché, racornie.

C'est une photo de spectacle. Frontale. Prise depuis la salle. On est au théâtre. Les cinq comédiens sont alignés : les hommes sont vêtus comme des gangsters ou des flics de films américains, chapeaux, imperméables, lunettes noires. À gauche, un homme armé s'entretient avec un autre, installé sur un curieux piédestal à roulettes, à droite deux autres maintiennent solidement une femme.

Le moustachu à la mitraillette c'est (Philippe ?)  Kersaki, l'homme perché en chapeau blanc, Jo le Maquereau (!) c'est Pierre Michon, pas encore écrivain. Puis il y a Jean-Claude Fal, aujourd'hui brocanteur. La jeune femme en mauvaise posture, je ne sais pas, peut être Christiane Cohendy, une grande dame du théâtre. Le cinquième larron, je l'ai oublié.

On est en 1969 ou 70… C'est une représentation ou une répétition de “splendeur et misère de Minette, la bonne lorraine” un texte engagé de Jacques Kraemer,  l'histoire de la sidérurgie et du minerai de fer, la minette, incarnée dans une jeune fille aux mœurs légères, traitée dans une parabole burlesque dans la tradition de l'Opéra de Quat' Sous. Il est là monté par les frères Kersaki, (Philippe et Alexandre, je crois) du Théâtre d'essai Kersaki, à Clermont Ferrand.

C'est Jean-Claude Chabanne (sans s) qui a pris la photo. Lui et moi on travaille alors sur le décor de la prochaine création des Kersaki, Süd Afrika Amen de Anne Barbey, un spectacle sur l'apartheid en Afrique du Sud. On projette de construire un vaste cirque de tubes pour échafaudage dans lequel les comédiens se mêleront au public.

Mais le Théâtre d'essai Kersaki vit ses dernières semaines, Süd Afrika Amen ne verra jamais le jour.

10 avril 2014

Atout Crin+le balcon de Marguerite

Atout Crin

Exposition art textile à Trouville

Aux brodeuses, aux tisseuses et autres plasticiennes (23) et plasticiens (3) Entre-les-fils, association de 4 vikings très actifs installés à Caen, a proposé de faire (broder, tisser, plasticer, etc.) avec du cheveu de cheval ! Cheveux blancs, cheveux noirs, chevaux zains, bais, alezans, isabelles, crins de crinière, rassemblés en queues de cheval, en bottes, en faisceaux ou solitaires, boucles introuvables, inouables, cassantes, vivantes, indomptables, hippomobiles !

Beaucoup d'entre elles/eux ont raconté lors du vernissage les larmes versées sur les encolures et le crin à retordre ! Pascale Drivière publie même, à la manière d'un cahier de couture, un journal de ses échecs autant qu'un recueil de ses victoires sur le poil rebelle !

L'expo à Trouville, (parce qu'à Trouville il y a des chevaux, des rendez-vous mondiaux de galops, des Jeux de trots, des courses et de complets concours)  dans la Villa Montebello, juste au dessus des Roches Noires, témoigne pour chacun/chacune  d'une cohabitation de plus de deux ans avec le crin d'un lourd percheron ou celui d'un arabe pur-sang, de leurs amours, de leurs passions, de leurs craintes, de leurs étonnements ou de leurs rejets.

Pour certains ce crin est un fil, pour d'autres c'est un poil, ou bien un trait de pointe sèche, de l'encre sur le papier ou des graminées sur le ciel.

Certains l'ont attelé à un autre matériau pour mieux le soumettre (lin, coton, soie, laine, fils hydrosolubles, etc.) d'autres ont choisi de l'utiliser seul, nu, à cru.

Certains ont ouvert une parenthèse dans leur travail du moment pour s'enfermer seuls avec l'animal sauvage, d'autres l'ont intégré dans leurs recherche habituelles.

C'est un galop d'essai pour Entre-les-fils et le résultat est une sincère installation, les œuvres ressemblent aux cavaliers et aux amazones. Les textiles-artistes se connaissent souvent de nom et prenaient samedi plaisir à se rencontrer, à créer des liens et à prendre du poil de la bête.

Parmi celles et ceux qui ont réussi à faire oublier la technique au profit du sens et de la beauté, j'ai particulièrement aimé le rêve gravé/brodé de Muriel Baumgartner, les archives calligraphiées de Catherine Bernard, les “paysages” de Anaïs Duplan, les hautes herbes de Martine Fontaine, la tresse enfantine de Françoise Micoud, les suaires de Gabriel Reis-Mendonça et le cahier de Pascale Drivière !

Toute l'expo et son histoire est visible sur le blog de Entre-les-fils

On peut surement obtenir le catalogue à cette adresse.

des fleurs pour MargueriteTrouville, les Roches Noires, le balcon de Marguerite.

25 mai 2014

Plasticien : gagner à “être connu”

palettes

Plasticien : gagner à “être connu”…

 Et vous faites quoi, dans la vie ?

Des dessins, de la peinture.

Ah ! C'est bien ! Mais je veux dire, vous faites quoi comme métier ?

Des dessins, de la peinture. Je suis plasticien. C'est un métier.

Ah, d'accord…

 

Je suis plasticien.

Nous sommes plasticiens ! (nous étions officiellement en France 48536 en 2009)

Nous nous occupons d'arts plastiques : le mot plasticien le dit. Nous ne sommes pas seulement peintres ou sculpteurs, nous sommes de moins en moins spécialisés, alors on nous a inventé un nom plus générique, nous utilisons divers techniques et aujourd'hui d'autres disciplines nous sont familières (photo, vidéo, mise en scène, écriture, etc.)

Nous exposons nos travaux dans des galeries, des musées, des centres d'art et autres structures dans lesquelles tout le monde n'entre pas. Ce mode de “consommation” de l'œuvre d'art ne nous satisfait pas toujours et nous cherchons à en inventer d'autres.

Nous avons quelquefois un peu de mal avec le mot artiste qui nous installe encore trop souvent aux yeux du public à plusieurs centimètres au dessus du sol ! Nous sentons bien qu'une partie de la société dans laquelle nous vivons n'est pas toujours convaincu de notre utilité !

Aux yeux de certaines personnes nous avons choisi notre activité et nous en retirons principalement du plaisir. Il nous est difficile de faire admettre à ceux là, qui associent à la notion de travail celle d'effort, intellectuel ou physique, de sueur, voire de souffrance, que nous sommes des “ouvriers” ordinaires !

Nous sommes dits amateurs ou professionnels. Les deux termes sont ambigus ! Nous parlons de métier quand notre activité occupe l'essentiel de notre temps et de nos pensées, quand elle est pour nous une attitude, une façon de se définir. Nous parlons alors de désir, d'investissement et de nécessité.

Il faut ajouter que, pour la plupart, nous travaillons en solitaire, que nous nous rencontrons peu, mal, et toujours à l'intérieur de nombreuses “chapelles” de pensées différentes !

Dans tous les cas, que nous soyons amateurs ou professionnels,

nous avons de nombreux devoirs et quelques droits !

Nous avons tout d'abord le devoir de nous mettre en conformité avec les lois sociales et fiscales de notre société et donc de déclarer notre activité et les revenus que nous en retirons et cela dès le premier euro perçu !

(si nous sommes par exemple retraités ou peintres du dimanche, si nous taisons nos plus petites ventes, bien qu'utilisant une large palette de couleurs, nous sommes des travailleurs au noir !)

(la Maison des Artistes, créée en 1952, qui est tout d'abord une association de solidarité et d'entraide des plasticiens, est agréée par l'État pour gérer nos assurances sociales depuis la loi Malraux de 1964)

Comme n'importe quel auteur nous avons aussi des droits… d'auteur !

Nul ne peut s'emparer de nos productions pour les reproduire ou les copier par tous moyens existants (photo, impression, moulage, film, etc.) sans avoir obtenu notre autorisation. Et nous sommes alors en droit d'exiger une rémunération en contre partie.

Lorsque nous exposons notre travail, dans un lieu privé ou une institution publique, nous pouvons obtenir le paiement d'un droit de présentation !

(ou droit d'exposition, ex-droit de “monstration”) 

En effet le lieu qui nous accueille ne peut pas prétendre le faire par philanthropie pure ! Il en tire forcément une “publicité”, un bénéfice plus ou moins “immatériel” ! Nous sommes en droit de demander  à partager ce bénéfice !

Mais la plupart du temps nous payons pour exposer, nous louons les cimaises, nous participons aux frais, nous réglons ceux de dossier et au final nous gagnons à “être connus” ! Et si nous osons réclamer ce que la loi nous permet, il est probable que nous ne serons pas accrochés !

Pourtant si nous en exigeons systématiquement le règlement* on peut bien imaginer que dans un avenir proche toutes les structures d'exposition intègreront dans leurs budgets le paiement de ce droit de représentation. Le principe d'un cachet est depuis longtemps admis  pour les artistes du spectacle vivant.

* En priorité dans les lieux où la vente de nos œuvres n'est pas autorisée et qui quelque fois font payer au public un billet d'entrée !

Et,  cerise sur le tableau ! Nous pouvons aussi bénéficier du droit de suite !

Chaque fois qu'une œuvre que nous avons vendue est revendue, puis revendue et encore revendue, à condition que le vendeur soit chaque fois un professionnel du marché de l'art (galeriste, antiquaire, encadreur, etc.) nous devrions percevoir un pourcentage du montant de la vente !

(il existe cependant pas mal de possibilités pour ce vendeur pour s'exonérer de cette taxe !)

 Pour conclure, une définition de l'artiste parmi tant d'autres:

"Que croyez-vous que soit un artiste? Un imbécile qui n'a que des yeux s'il est peintre, des oreilles s'il est musicien, ou une lyre à tous les étages du cœur s'il est poète, ou même, s'il est boxeur, seulement des muscles ? Bien au contraire, il est en même temps un être politique, constamment en éveil devant les déchirants, ardents ou doux évènements du monde, se façonnant de toute pièce à leur image. Comment serait-il possible de se désintéresser des autres hommes et, en vertu de quelle nonchalance ivoirine, de se détacher d'une vie qu'ils vous apportent si copieusement ? Non, la peinture n'est pas faite pour décorer les appartements. C'est un instrument de guerre offensif et défensif contre l'ennemi."     

Pablo Picasso.

15 juin 2014

Rencontrer une œuvre d'art

cézane

Rendez-vous

 

Rencontrer une œuvre d'art, un tableau, une installation, un spectacle, c'est rencontrer une personne. Derrière le tableau il y a le peintre, derrière l'œuvre il y a le créateur qui a tenté d'y mettre le maximum de lui-même, pour peu qu'il soit sincère et débarrassé d'un maximum d'influences.

C'est rencontrer quelqu'un pour la première fois ou déjà le connaître, par une photo, par “ouï-dire”. C'est une rencontre par hasard ou un rendez-vous, pour lequel on se prépare, pour lequel on se fait beau et on se rend disponible !

Dans un premier temps, donc, il n'est question que de regarder et de voir ! D'abord voir de loin, voir un ensemble, en faire le tour, choisir d'autres points de vue ou d'écoute, apercevoir au début, puis se rapprochant, découvrir qu'il existe d'autres lectures, de plus en plus détaillée, et se dire qu'il en est peut être d'autres.

(Je garde en mémoire ma rencontre avec la Comtesse del Carpio de Goya, au Louvre. Sa mantille blanche et brodée m'est apparue, depuis l'entrée de la salle, peinte avec une infinie précision, surement avec un pinceau à six poils et une longue patience ! Mais à quelques centimètres, c'était une autre affaire ! J'ai découvert que Goya avait barbouillé le fichu de gaze avec une touche désinvolte digne des Impressionnistes !)

Cette lecture pourrait être simplement descriptive et répondre à la question facile : que vois-je ? Comment est-elle, comment est-il habillé ? C'est une peinture, sur une toile semble-t-il, assez grande, un mètre par un mètre, carrée, c'est un paysage, etc.

Cette inspection plus ou moins précise et complète amènera rapidement à quelques premières impressions comme : j'aime ou je n'aime pas, mais aussi je comprends ou je ne comprends pas.

A partir de là, si j'ai besoin et si j'ai envie d'en savoir plus, je me dois d'engager la conversation. Par chance le tableau parle la même langue que moi ou alors, je vais avoir besoin d'un traducteur ! Je devine clairement les intentions de l'artiste, ou alors je vais devoir m'instruire, demander, consulter, lire ! L'idée que l'œuvre se livre d'emblée, sans aucun effort de ma part, qu'elle doive me toucher directement, me parait très surfaite ! On connaît (un peu) l'autre au bout du temps.

Peut-être aussi faut-il attendre ! Attendre le lendemain ou plus, attendre que le ciel s'éclaircisse. Attendre que l'œuvre fasse son chemin en nous.

Et ne pas rester seul ! En parler ! Confronter les points de vue permet les ouvertures !

Au bout du compte, de découvertes en découvertes, je devrais parvenir à “comprendre”, et lorsque l'on comprend, on admet, puis on accepte, on reconnaît et dès lors on n'est pas loin d'aimer !

Mais l'œuvre ne s'adresse pas seulement à nos yeux et à notre pensée. Elle nous atteint par chacun de nos cinq sens et par un indéfinissable sixième !

Quelque chose qui n'est pas du domaine des mots, qui ne s'explique pas, qui résiste à l'étude, passe, de façon mystérieuse entre l'objet et moi, entre l'autre et moi, et me procure un ensemble complexe de sensations, d'émotions, qui peuvent être plus ou moins fortes, violentes et pas forcément du domaine du plaisir.

Une rencontre peut changer ma vie, la vue d'une œuvre peut me transformer !

 

 

25 septembre 2014

lettre du fusillé

Nouvelles du front

Et pendant ce temps là, la guerre, la Grande, la Der des Ders, continue !

Les horreurs d'aujourd'hui font oublier la commémoration des horreurs centenaires !

Depuis septembre 1914 on a recours à l'exemple pour remettre au pas la troupe qui déjà grogne. La fleur au fusil est fanée depuis lurette ! Depuis les premiers jours de septembre quelques dizaines de poilus ont été fusillés par leurs potes et ce n'est qu'un début.

(Frédéric Henri Wolf débute la liste, fusillé pour l'exemple le 1er septembre 1914)

Alexandre porte plume

 

 

Ma très chère amie,

Ce matin, j’ai été fusillé, à sept heures trente. Mauvaise nouvelle. Nous sommes passés vingt-quatre au Conseil de Guerre hier soir et il a été retenu qu'on aurait abandonné nos postes devant l'ennemi et là c'est la peine de mort pour moi qu'ils ont tiré au sort, je ne suis pas plus coupable que les autres mais il leur fallait un exemple.

J'ai pas dormi cette nuit. Personne. J'avais pas de temps à perdre, j'avais tellement de choses à me rappeler. Il faisait froid.

Hier soir, j’ai pu écrire une dernière lettre. J’ai commencé comme ça : quand tu liras ces mots, quand cette lettre te parviendra, je serais mort, fusillé. Avec un bout de crayon qu'on m'a donné. Mon porte-plume mâchonné je l'ai perdu il y a longtemps. Je t'ai écrit mes dernières nouvelles.

Un matin comme ça, un dernier matin, je me rase pas, je m'étais dit cette nuit. J'avais pensé ça. Je me suis rasé. De prés. J'ai pris le temps même. Après j'ai bien rangé le sabre et le blaireau, je me suis coiffé. Je me disais : on aura la tête nue, je me fais une tête bien propre pour arriver devant le Bon Dieu. J'y crois pas beaucoup au Bon Dieu pourtant, Jean, il y croit, lui, et à toute son escouade de saints. Il dit que je les retrouverais ceux qui me condamnent aujourd'hui. Si ça peut l'aider.

Il y avait Jules dans le peloton qui m’encadrait, avec les baïonnettes aux canons, pour aller jusqu'aux poteaux où ils avaient réunis tous les régiments. Lecture faite des accusations, les aumôniers me disent leurs discours et même, ils m’embrassent moi, le mécréant. Après on m’attache les mains dans le dos et au poteau. On m’a bandé les yeux pour que je voie pas les copains qui me visent, pour que les copains qui me visent ne croisent pas mes yeux. Ils m’ont fait mettre à genoux, ou pas, je ne sais plus. Des fois, à ce qu'il parait, ils t’épinglent un carré de papier blanc sur le cœur, un carton comme à la fête patronale le premier dimanche d'août. On ne peut pas me rater !

Alors, l'adjudant a levé son sabre.

Là, il n'y a plus qu'à attendre qu'il l'abaisse, son putain de sabre, dans peu, dans une seconde, dans une heure, dans un siècle. C'est pour de vrai, on n'est pas dans la cour de la communale cette fois, je me dis,  je vais  vraiment perdre toutes mes billes. On attend qu'il gueule : feu !

Eux, nos potes, nos poteaux, (que des bleus !), tous pensent qu'ils vont tirer trop haut, au dessus de ma tête, dans la colline, dans le ciel ! Que leurs pruneaux feront le tour de la terre et viendront cueillir tous les gradés par derrière ! La belle affaire !  Ils vont tirer dans les étoiles, c'est sûr, les soixante douze fusils, et moi je vais pas en revenir  et on détachera mon bandeau et tous les régiments vont partir d'un grand rire devant ma bobine pâle comme la mort et mes yeux ravagés par la peur !  La bonne blague !

 

J'ai pissé

Transpercé mon carton, en plein dans le mille, dans le cœur d'Émile !

Pas un mot, pas un cri.

Un sous-officier passe me donner le coup de grâce, faute de grâce, au dessus de l'oreille, le canon de son pistolet à six centimètres ! Réglementaire ! Ça fait un bruit terrible !

Je n'ai plus peur.

Le major vient constater que je suis bien mort et le greffier signe son procès verbal.

Maintenant, ils défilent, toutes les compagnies, officiers, sous-officiers, soldats, devant moi, le renversé, le couché par terre et ils pleurent, la belle affaire, atterrés eux-mêmes, et le commandant du cinquième qui ordonne à chacun  de lever la tête ! Il en est un qui est tombé en pressant sa gâchette et qui est resté malade et qui disait : laissez moi je suis un assassin !

Ma montre, mon porte monnaie avec cinquante francs, mon couteau, un briquet, un caillou de chez nous, tes lettres, toutes tes lettres, en un seul paquet sur mon cœur, avec des trous dedans maintenant, j'espère qu'il te feront parvenir tout ça.

Quand même, je pensais bien éviter de périr déjà, j'avais réussi à circuler facilement entre les mitrailles jusque là.

Je me voyais revenir pour embrasser tes yeux, toucher tes seins et que ma première fois ce soit avec toi.

Je te rends la parole que tu m'as donnée de m'aimer toujours et de n'aimer que moi.

Je suis enterré ici.

 

La lettre du fusillé a été en partie inspirée par les derniers courriers postés par des fusillés pour l'exemple entre 1914 et 1918

Elle faisait partie du spectacle "Mauvaise nouvelle" présenté dans le Tarn en 2009 et 2010

Alain Cornuet (mise en scène) Roland Ossart (son) et Matthien Gaudeau (acteur) s'en souviennent

 

20 décembre 2014

Jeu des 7 ressemblances

Jeu des 7 ressemblances

7 similitudes sont décelables dans ces 2 photos de Marie-Monique Rouquette enfant posant avec le (vrai) Père Noël en 1955 et 1956 ! Saurez-vous les découvrir ?

Vous pouvez nous communiquer vos réponses sur la messagerie de ce blog. Les plus pertinentes seront publiées mais sachez qu'il n'y a rien de plus à gagner qu'une notoriété fragile et provisoire auprès du petit nombre de nos lecteurs !

Joyeux Noël !

 

pères noël

 

27 décembre 2014

Jeu des 7 ressemblances

Jeu des 7 ressemblances : les réponses !

 

réponses

1 Sur la photo de gauche, les pantoufles charentaises du père Noël sont identiques !

2 Les cannes des 2 Pères Noël proviennent de la même manufacture : ce sont des cannes coudées en acacia flambé de chez Fayet à Orléat, non loin de Lezoux, dans le Puy de Dôme.

3 Les cordelettes nouant les robes des pères Noël sont exactement de la même longueur: 1,17m.

4 Les 2 photos ont été prises avec le même appareil, celui de Maurice Rouquette, (présent sur le cliché de droite par son ombre !) un Foca Sport 24x36 à objectif Foca-Néoplar 1:3,5F4,5cm

5 Les 2 photos sont datées au dos, du 3 décembre 1955 pour celle de gauche et du 17 novembre 1956 pour celle de droite : ce sont 2 samedis !

6 Les photos ont été prises l'une devant le magasin Printania dont on aperçoit partiellement le nom, sur l'autre Marie Monique est très heureuse que ses parents aient enfin décidé de remplacer son vieux manteau par une jolie veste à capuche achetée ce jour là dans ce même Printania !

7 Les 2 garçons (à gauche) et la jeune fille qui se mouche (à droite) s'apprêtent à livrer brutalement la vérité sur le mythe du Père Noël à Marie Monique. Fort heureusement l'enfant refusera cette révélation et poursuivra son rêve jusqu'en 1961.

12 janvier 2015

Charlie Va falloir

Charlie

Va falloir…

Du verbe falloir, impersonnel, exemples : va falloir, ce qu'il faut, faudrait pas que…

Et maintenant ? Va falloir…

Proposition n°1 : va falloir… apprendre à dessiner !

On peut apprendre à dessiner.

On peut apprendre à dessiner comme on peut apprendre à lire et à écrire.

On n'a même pas besoin d'apprendre en fait !

Tout le monde sait dessiner.

Plus ou moins bien, mais tout le monde sait.

Bien ou mal ça n'a pas d'importance : regardez Reiser ou Wolinski, ils dessinaient comme des cochons, et pourtant…

Tout le monde sait dessiner.

Quelques uns savent depuis toujours qu'ils savent, les autres croient toujours qu'ils ne savent pas et que les premiers sont doués, ils se trompent !

L'important est de dessiner.

Tout...

Tout ce qui te passe par la fenêtre (Lise Deharme)

Pour faire un dessin, il faut :

Du papier : on peut dessiner sur n'importe quoi, sur les murs, dans la neige ou le sable mouillé à marée basse, dans le creux de sa main, sur les vitres embuées, dans sa tête… Mais le papier est tout de même le support le plus utilisé.

Ne pas oublier qu'une page blanche c'est un silence, un qui-ne-dit-mot, mais c'est un possible, une proposition, une invitation, un espace à crayonner d'urgence, une liberté !

Un crayon : un stylo, un porte-plume, un feutre ou un simple crayon (ils sont tous “à papier”) bien aiguisé, pointu, cabu.

Attention ! Un crayon n'est pas un simple outil d'écriture pour rédiger une liste de commissions, c'est un puissant levier qui peut soulever bien des interrogations, un crayon chargé peut faire (une) mouche !

La gomme n'est pas utile, c'est un outil de correction, d'autocensure, aujourd'hui il faudrait s'en méfier, ne pas s'effacer…

Mais peut-on s'accorder le droit de dessiner n'importe quoi,  n'importe qui ? Et si, au non de la liberté d'expression, on doit l'accorder à tous, serons-nous ensuite assez libres pour dire à certains que l'on n'aime pas leurs dessins mais qu'ils ont le droit de salir ainsi des pages blanches et de les publier ?

Un dessin c'est un poème, un livre, une bibliothèque, un voyage, une arme, un abîme, une perspective, un pays, un dessein.

Un dessin peut faire rire, sourire, souffrir, mourir. Un dessin peut faire peur, inverser le sens de rotation des aiguilles des montres ou celui de la planète, changer la vie.

Prévert dit que si le dessin est réussi, l'oiseau doit chanter.

Il dit aussi qu'il faut signer.

31 janvier 2015

art contemporain Cynnhorodon-Faldac

Et si on reparlait d'art contemporain !

art contemporain

 

Allons faire un tour sur Cynnhorodon-Faldac, blog de réflexion et de défense de l'Art dit contemporain, dans lequel Louis Doucet sème ses baies rouges et irritantes et met régulièrement de l'ordre et du discernement dans nos pensées, en tous cas dans les miennes ! Quel bonheur de les voir ainsi formulées aussi clairement et justement !

Extrait de “Démagogie et populisme” février 2015  :

 Le comique de cette triste situation est que ces mêmes personnes s’approprient, sans vergogne, des postures revendiquées notamment par Duchamp et Beuys, artistes dont ils vouent les œuvres aux gémonies et sur lesquels ils vomissent leur haine, leurs invectives et leurs insultes, sans d’ailleurs connaître leur travail ni surtout proposer d’alternative viable. Le brûlot périodique de Nicole Estérolle est un exemple patent de ce type d’attitude. Le discours qui y est développé est, en bien des points, comparable à celui qui stigmatisait, en des temps de triste mémoire, l’entarte Kunst. On y lit, en filigrane, des fragments des (non-)programmes culturels fétides des municipalités récemment conquises par le FN. Sa démarche a toutes les caractéristiques de celles des partis populistes, de droite ou de gauche, désignant les intellectuels – les « élites », dans leur terminologie – à la vindicte populaire, entretenant les frustrations d’artistes en mal de reconnaissance, s’appuyant sur une inculture plastique et esthétique volontairement entretenue par l’État, maniant les approximations et les raccourcis hâtifs, déformant l’information, focalisant sur des détails de peu d’importance, généralisant et caricaturant sur la base de données erronées… Toutes méthodes éprouvées par les régimes dictatoriaux. On peut y déceler les frustrations et la jalousie d’artistes blessés de ne pas être reconnus et qui, au lieu d’en rechercher les racines dans leur propre travail, tentent d’en attribuer les causes aux autres. C’est tellement plus facile que se remettre en cause…”

La suite sur Cynnhorodon-Faldac !

6 février 2015

Agir ou déplorer

agir ou déplorer

Agir ou déplorer ?

Il y a des milliers de gens qui par principe s’opposent à l’esclavage et à la guerre mais qui en pratique ne font rien pour y mettre un terme; qui se proclamant héritiers de Washington ou de Franklin, restent plantés les mains dans les poches à dire qu’ils ne savent que faire et ne font rien ; qui même subordonnent la question de la liberté à celle du libre échange et lisent, après dîner, les nouvelles de la guerre du Mexique avec la même placidité que les cours de la Bourse et peut-être, s’endorment sur les deux. Quel est le cours d’un honnête homme et d’un patriote aujourd’hui ? On tergiverse, on déplore et quelquefois on pétitionne, mais on n’entreprend rien de sérieux ni d’effectif. On attend, avec bienveillance, que d’autres remédient au mal, afin de n’avoir plus à le déplorer. Tout au plus, offre-t-on un vote bon marché, un maigre encouragement, un “Dieu vous assiste” à la justice quand elle passe. Il y a 999 défenseurs de la vertu pour un seul homme vertueux.

La Désobéissance civile (1849) - Henry David Thoreau

Actuel, non ? L'intégrale du texte ici !

30 mai 2015

signes diacritiques

carte CSAA

De la disparition des signes diacritiques

Combien d'entre nous pensent aujourd'hui, en toute bonne foi, qu'il n'est pas nécessaire d'accentuer les Majuscules dans l'écriture d'un texte en bon français ? 

Combien d'entre nous vont même jusqu'à penser qu'il ne faut pas accentuer les Majuscules dans l'écriture d'un texte en bon français ? Les accents aigus,* les accents graves,* les circonflexes,* le tréma et la cédille sont chaque jour exclus de l'écrit de notre belle langue quand ils sont associés aux Majuscules ! Pour d'obscures raisons de gain de place, d'alignement et de fragilité ! (des notions datant de l'âge du plomb !) Les couronnes royales que sont, pour nos Capitales, les accents et les trémas et les médailles que sont les Cédilles disparaissent dans les caniveaux de la négligence !

Les signes diacritiques* de notre langue, qu'ils soient suscrits ou souscrits, disparaissent, quand ils doivent modifier les Majuscules !

(entre parenthèses, personnellement je mets toujours une Majuscule au mot Majuscule)

*Un (signe) diacritique (du grec diacritikós, « qui distingue ») est un signe accompagnant une lettre. Le diacritique est facile : il peut être placé au-dessus de la lettre (diacritique suscrit), au-dessous (diacritique souscrit), dans ou à travers (diacritique inscrit), après (diacritique adscrit), devant (diacritique prescrit) ou tout autour (diacritique circonscrit).

Pourtant, dès les débuts de l'imprimerie, les imprimeurs s'efforcent de graver et de reproduire les signes diacritiques tels qu'ils apparaissent dans les manuscrits. La bible de Gutenberg les reproduit. La pratique tendant à ne pas indiquer les accents sur les majuscules et les capitales trouve sa source dans l'utilisation de caractères de plomb à taille fixe en imprimerie. La hauteur d'une capitale accentuée étant supérieure, la solution était alors, soit de graver des caractères spéciaux pour les capitales accentuées en diminuant la hauteur de la lettre, soit de mettre l'accent après la lettre (diacritique adscrit), soit simplement de ne pas mettre l'accent.

Sur les 26 lettres que comporte notre alphabet pas moins de 6 sont concernées par ces ablations regrettables !  Soit plus de 23% ! C'est énorme ! Mais on connaît le sort réservé aux minorités : les autres lettres s'en fouttent et ridiculisent à l'occasion de soirées déguisées les A, E, I, O, U, le C et le J en se coiffant d'accents de pacotille ou en s'affublant de pâles imitations de cédilles !

 Je suis personnellement bien place pour deplorer la disparition dramatique  de l’accent aigu sur les capitales d’imprimerie !  Á l'appel de mon nom sous la prononciation "Trouve Jacques" je me suis toujours efforce de garder le silence tout en effectuant de la tete un travelling circulaire à la recherche de l'individu au patronyme si proche du mien ampute de son accent terminal !

Le problème est grave ! Tout ceci fait mauvaise impression !

L’utilité des accents, qu’ils soient aigus, plus graves ou complètement circonflexes, est incontestable ! Leur absence modifie le sens, perturbe la lecture, installe la fadeur et le ridicule : exemple :

Sous les hues des manifestants indignes,

Alain Juppe et Jose Bove inaugurent le Palais des Congres

 

Essayez de prononcer ceci sans les accents : 

« les théiers ont été étêtés cet été, évitez-les »

« les theiers ont ete etetes cet ete, evitez-les »

 

Sans les accents, pourrait-on :

Démêler les blés versés

Etêter les détestées tsé-tsé

Déserter les délégués entêtés

Repêcher les défénestrés désespérés

Dépêcher les thés éthérés réservés

Zébrer d’une épée excédée les névés écrémés

Préserver les récrés déjetées

Vénérer les fées zélées et fêlées

Fêter les pépés ébréchés

Créer des bébés hébétés et redressés

Décréter des étés effrénés ?

 

Voici la position de l'Académie Française concernant  l'accentuation des Majuscules :

Il convient d’observer qu’en français, l’accent a pleine valeur orthographique. Son absence ralentit la lecture, fait hésiter sur la prononciation, et peut même induire en erreur. Il en va de même pour le tréma et la cédille.

On veillera donc, en bonne typographie, mais aussi dans nos textes manuscrits ou dactylographiés, à utiliser systématiquement les capitales accentuées, y compris la préposition À, comme le font bien sûr tous les dictionnaires, à commencer par le Dictionnaire de l’Académie française, ou les grammaires, comme Le Bon Usage de Grevisse, mais aussi l’Imprimerie nationale, la Bibliothèque de la Pléiade, etc, dans un souci de clarté et de correction."

Et puisqu’il faut mettre les points sur les i, nous devons ajouter le tréma à la liste déjà trop longue des espèces en voie de disparition :

Anais et Maité, naives saigas du Zaire, restent héroiques et coites sous la coitte, pendant le coit

C’est incompréhensible ! On dirait un Haïku inouï dit par un samouraï haïtien !

 

Et la Cédille !

Lors de leurs fiankailles à Montlukon, Frankois, makon remplakant les fakades

à Macon, et Frankoise, sa fiancée nikoise, sont soupkonnés d'avoir conku un garkon !

Pub !

Pour tous vos traités vos récits, vos romans, vos correspondances

Pour tous vos écrits Utilisez des cédilles de qualité !

Adoptez la cédille "la Française" ! Exigez la marque " la Française" !

Depuis Alençon jusqu'à Besançon

Une cédille à l'hameçon

Adoucit les discours

De Montluçon à Rocamadour !

 

(Les cédilles "la Française" sont d'excellentes cédilles, très douces, mais sans trop. Pas trop mouillées, pas du tout glissantes ! En même temps, la cédille "la Française" n'est pas une cédille qui accroche, qui raye ! C'est une cédille qui produit un son sss parfait, bien français,  pas un vilain son zzz !)

 

Il faut bien mettre l’accent sur le fait que ces espèces sont réellement menacées d’extinction. Le nombre d’individus actuellement recensés est trop faible pour espérer un repeuplement et un plan de réintroduction constitue l'ultime solution ! Nous devons demander avec force au Président de la République d'en inscrire très prochainement  le projet sur son agenda ! Le choix devra se porter sur des spécimens sauvages. Pas question d’introduire dans notre belle langue des accents d’élevage pâles et maladifs ou des accents étrangers. Il faut dès maintenant rassurer les populations d’usagers qui s’inquiètent : contrairement aux idées reçues l’accent aigu n’est pas méchant ! S’il pique, c’est uniquement pour se défendre !

L’accent grave est grave, c’est indéniable, (amèrement, procès, excès, abcès, lèpre, décès) mais je voudrais vous y voir, il peut aussi être gai et broute-en-train comme dans “chèvre”  par exemple.

Quant à l'accent circonflexe, (pas d'accent grave sur circonflexe !) il est, sans contexte, un toit, une protection précieuse, comme dans château, par exemple, ou encore dans   : gîte, voûte, geôle, tôle, théâtre …et  hôpital !

Bien que, selon les rectifications de l'orthographe de 1990, on puisse quelquefois supprimer l'accent circonflexe sur le i et le u !  sauf dans jeûne, , mûr et sûr, dans certaines formes du verbe croître ainsi que dans les terminaisons verbales du passé simple et du subjonctif.

Effectivement, depuis 90, la théorie selon laquelle l'accent circonflexe du mot  cime serait tombé dans l'abîme, n'a plus cours ! Une  nouvelle enquête est ouverte : Où est passé l'accent que la cime n'a jamais eut ? Il est là, sur le e de enquête !

On met un couvercle sur la boîte, un toit sur le château, sur l'hôtel, sur l'hôpital, mais celui du chalet a été emporté par une avalanche !

Et même s'il est absent du mot chapeau, quand il pleut dans un texte, le lecteur désemparé est bien heureux de pouvoir se mettre au sec et au chaud sous l’abri salutaire que constitue l’accent circonflexe qu'il y a sur le mot  tête !

(Il y a longtemps, Robinson Crusoé  put s’abriter du soleil et de la pluie sous celui de son île.)

 

Mes chers compatriotes francophones et francophiles

Nous ne sommes plus seuls !

Il y quelques semaine a été créé le CSA A

le Comité de Sauvegarde de l’Accent Aigu de l’Accent Grave, de l’Accent Circonflexe, du Tréma et de la Cédille

Je serai heureux de remettre une carte de membre concerné gratuite aux personnes qui me présenteront une pièce d'identité justificative !

 

À la question : quelles actions pouvons-nous mener ? le CSAA  répond :

1 Dans un premier temps  signer notre pétition !

Laquelle sera prochainement adressée à diverses personnalités directement concernées : Messieurs Jose Bove et Alain Juppe, déjà cités,

Messieurs Jean-Jacques Sempe, Christophe Mahe, Denis Podalydes, Julien Dore, Gilbert Montagne,  Stephane Mallarme, Jean Jaures, Gaston Coute, Louis de Funes, Leo Ferre, Jean Luc Melanchon, etc.

Mesdames Clementine Celarie, Aurelie Coute, Tatiana Trouve et Rika Zarai

 

Par contre les ayant-droit de Mr Georges Clemenceau regrettent de ne pouvoir s'associer directement à notre combat, (ils nous signalent  que leur nom ne prend pas d'accent  aigu) et nous assurent toutefois de leur soutien !

Clemenceau s'écrit bien sans accent aigu sur le premier « e », même si la prononciation [klemãso:] est habituelle et non [klɘmãso:].

Á cette occasion quelques mots qui ne prennent pas d'accent mais dont on prononce le e en é ou è !

celer , credo , diesel , edelweiss, gangrener, papeterie , penalty , pedigree , peseta , placebo , repartie, repartir (distribuer) , revolver , trompeter , vilenie

2 Que vous soyez concernés ou simplement sympathisants vous pouvez dès maintenant agir pour participer au sauvetage des signes diacritiques associés aux capitales en utilisant et en faisant connaître les principaux raccourcis des claviers AZERTY

Á

Alt 181

È

Alt 212

Â

Alt 182

Alt 0200

À

Alt 183

É

Alt 144

Ç

Alt 128

Alt 0201

Alt 0199

Ë

Alt 0203

Alt 0128

Ê

Alt 0202

3 Vous pouvez faire un don de signe diacritique ! Vous acceptez que vos signes diacritiques soient prélevés pour être greffés à d'autres noms après votre décès ? Il vous est demandé d’informer vos proches de cette décision. C’est la démarche recommandée. La carte de donneur constitue ensuite une trace de votre accord. Elle peut aussi vous aider à consolider votre engagement ou à en discuter. Mais soyez en sûrs, la carte de donneur ne peut donc en aucun cas remplacer une conversation avec vos proches.

4 Vous pouvez aussi adopter un accent ! Ou un tréma ! Ou une cédille ! L’adoption, c’est la rencontre de deux histoires. C’est aussi une histoire à écrire avant l’accueil du signe diacritique choisi et ensuite au quotidien, avec lui. Une histoire d’amour et de patience. Les démarches entreprises chaque année par de très nombreuses personnes peuvent parfois être complexes à réaliser et à vivre. Pour que votre volonté de vous composer un nouveau nom parfaitement accentué se concrétise dans les meilleures conditions possibles, il est impératif d’être bien informé et préparé aux réalités de l’adoption. Et à partir de là une nouvelle existence s'offrira à vous ! Comme Monsieur COÇU, chef de gare à Alençon dont la vie a été bienheureusement bouleversée par l'adoption d'une cédille !

 

15 juin 2015

Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud !

IMG_5519

Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud !

René CHAR

Recueil : "Fureur et mystère"

Tes dix-huit ans réfractaires à l’amitié, à la malveillance, à la sottise des poètes de Paris ainsi qu’au ronronnement d’abeille stérile de ta famille ardennaise un peu folle, tu as bien fait de les éparpiller aux vents du large, de les jeter sous le couteau de leur précoce guillotine. Tu as eu raison d’abandonner le boulevard des paresseux, les estaminets des pisse-lyres, pour l’enfer des bêtes, pour le commerce des rusés et le bonjour des simples.

Cet élan absurde du corps et de l’âme, ce boulet de canon qui atteint sa cible en la faisant éclater, oui, c’est bien là la vie d’un homme ! On ne peut pas, au sortir de l’enfance, indéfiniment étrangler son prochain. Si les volcans changent peu de place, leur lave parcourt le grand vide du monde et lui apporte des vertus qui chantent dans ses plaies.

Tu as bien fait de partir, Arthur Rimbaud !

Nous sommes quelques-uns à croire sans preuve le bonheur possible avec toi.

30 août 2016

les regardeurs

 

2,5

 

Ce sont les regardeurs qui font les tableaux !

 "Je crois que l'artiste qui fait une œuvre ne sait pas ce qu'il fait. Je veux dire par là : il sait ce qu'il fait physiquement, et même sa matière grise pense normalement, mais il n'est pas capable d'estimer le résultat esthétique. Ce résultat esthétique est un phénomène à deux pôles : le premier, c'est l'artiste qui produit, le second, c'est le spectateur, et par spectateur je n'entends pas seulement le contemporain, mais j'entends toute la postérité et tous les regardeurs d’œuvres d'art qui, par leur vote, décident qu'une chose doit rester ou survivre parce qu'elle a une profondeur que l'artiste a produite, sans le savoir. Et j'insiste là-dessus parce que les artistes n'aiment pas qu'on leur dise ça. L'artiste aime bien croire qu'il est complètement conscient de ce qu'il a fait, de pourquoi il le fait, de comment il le fait, et de la valeur intrinsèque de son œuvre. A ça, je ne crois pas du tout. Je crois sincèrement que le tableau est autant fait par le regardeur que par l'artiste."         

Marcel Duchamp 

Voir l'album "les regardeurs" (photos prises à l'occasion de PINAR'T 2016)

 

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3 septembre 2016

chanson/comptine

fenêtre ok

chanson/comptine pour fêter la rentrée, politique et autre :

Dans sa maison un grand cerf
regardait par la fenêtre
un lapin venir à lui
et frapper ainsi :
cerf, cerf, ouvre moi!
ou le chasseur me tuera !
lapin lapin entre et viens
me serrer la main ! *

*qui suis-je, qui sommes-nous, aujourd'hui, demain ? Cerf, lapin, chasseur ?

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26 septembre 2016

Mythologies

Mythologies

le mur 1

j'ai peint une série de cartons

que l'on peut installer bout à bout

ça fait un long mur de peinture

le bleu et l'orangé dominent

c'est mon Lascaux, ma petite mythologie personnelle

avec mes dieux, mes déesses

des monstres et des héros

il fait le récit de mon antiquité

il raconte que quand j'étais enfant, j'étais sioux

j'étais le petit-fils d' Alexandre Sitting Bull

qui avait vaincu le Général Custer à la bataille de Verdun

le jeudi, quand il n'y avait pas d'école

j'allais voir Picasso dans son atelier

qui me donnait du papier et des couleurs

j'avais le droit de regarder le modèle et de la dessiner

je devais retourner en Amérique

et puis, sans y prendre garde, je suis devenu peintre ...

( l'ensemble est actuellement installé au Centre Culturel G. Alauzet à Rieupeyroux 12240 jusqu' au 24 novembre 2016 )

voir fiche expo Rieupeyroux

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10 novembre 2016

chanson/comptine n°2

5368771081_e8143c2bef_bEdward Hopper "Cape cod morning" 1950

le Cape Cod "le cap aux morues" est une presqu'île sur la côte est des États Unis, dans le sud-est du Massachusetts

chanson/comptine n°2

Dans sa maison un grand cerf
regardait par la fenêtre
un lapin venir à lui
et frapper ainsi :
cerf, cerf, ouvre moi!
ou le chasseur me tuera !
lapin lapin entre et viens
me serrer la main !

9 novembre 2017

 

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20 janvier 2017

Paul Smark

mugshot

 

Les mugshots de Paul Smark

Ils posent, bien obligés, de face, de profil, quelques instants après leur arrestation plus ou moins musclée. Leurs visages témoignent d'un retour au calme ou d'un choc, d'un accord ou d'un renoncement, ou d'une révolte intérieure, le sourire au bord des lèvres de leurs têtes ordinaires de petites frappes ou de gros gibiers, coffrés pour tapage nocturne sur la voie publique ou meurtres en série ; même traitement préalable : la photo, un numéro blanc sur une ardoise noire pour entrer pour la première fois, pas la dernière, dans le fichier de la police.

Les mugshots sont ces photos en noir et blanc, prises lors des arrestations par la police fédérale dans les états des États, ceux Unis d' Amérique, depuis la légende de l'ouest ou la prohibition. Depuis celui de Scarface (surnom d'Al Capone) il y en a de très connus sur le net, des vrais et des faux, innombrables intermèdes romantiques dans la vie des stars : Jane Fonda, poing levé, David Bowie, Steve Mac Queen arrêté pour conduite en état d'ivresse, Sinatra, Marilyn, Elwis, Johnny Cash, Dominique Strauss Kahn, etc !

Ceux qu'a choisi Paul Smark sont des sans-noms, des anonymes, des péquins disparus depuis lurette de la mémoire des bureaux policiers et de celles de leurs proches. Paul Smark a choisi des humains basiques, se montrant de face et de profil pour faire des dessins et des gravures, c'est ce qu'il dit. Il aurait pu faire le portrait de Dalida ou de Georges Brassens, non il a choisi des amerloques, des blues-mens, des cow-boys Arthur, des chercheurs d'or et de misère comme il les aime, il les a choisi et a fait leurs portraits gravés, technique pas si simple, puis encadrés d'une respectueuse chemise blanche et accrochés avec des chaînes aux murs du bar Jour de Fête qui n'est pas le premier rade venu ! Ça me montre qu'il les considère et les remercie d'avoir posé pour lui et laissé libre de droits l'image de leurs tristes figures !

Paul Smark, ça n'est pas son vrai nom, c'est sûr, c'est un emprunt, peut être même un vol ! C'est un graveur clandestin qui rêve de réaliser à l'ancienne des faux billets comme Robert Mideau, le cave qui se rebiffe. Les gravures sont anonymes aussi, pas de signature, c'est un discret, un taciturne, un silencieux, qui ne veut pas être repéré, pas faire de bruit ni de vagues.

Ce ne sont finalement que des autoportraits ! Paul Smark, t'a voulu passer inaperçu, c'est loupé ! Ils te ressemblent tes repris de justesse ! Le bureau d'identification est formel : même noir dans la tignasse, même tendresse, mêmes silences, même façon de s'excuser d'être là, discrétion assurée ! On t'a reconnu, Paul Smark ! Ta cavale prend fin ! Damned ! Tu es fait ! Photo de profil, de face, ardoise avec le numéro !

Bon, sans rire, c'est une belle série de dessins (c'est du dessin, du dessin qui chante le blues) sur la plaque de zinc (le métal des comptoirs) puis imprimés en gravure avec de beaux gris d'aquatintes entre les noirs velours et le blanc du papier, à voir pendant une permission de sortie au Bar le Jour de Fête, boulevard Valmy à Albi jusqu'au 26 février.

 

 

 

 

 

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